Souvenirs de Constantinois

 

Certains de mes correspondants m'ont fait parvenir leurs souvenirs de Constantine. Il m'a sembl� int�ressant de regrouper ces diff�rents textes, en les m�langeant, pour en faire une suite de petits bouts de m�moire. Si vous aussi, vous avez ce genre de souvenirs � faire partager, envoyez-les moi afin qu'ils s'ajoutent aux autres, et ce de fa�on totalement anonyme.


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Lettres à mon père
par Josy Adida-Goldberg

Les souvenirs de Claude

Souvenirs de Josy

Les souvenirs de Tata Mémé

Le passage
(texte de Jean Libaude en pdf)

Souvenirs de Guy

Le Livre de ma mère, Mery Cohen Adida
par sa fille Josiane Adida Goldberg

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Enrico Macias. Mémoires d'un juif de Constantine

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Petit Lorrain de onze ans que j'�tais ...
J'ai bient�t 55 ans ...
La ville
Les quartiers
Les �coles
Jeux et divers
Les personnages et les croyances
Le d�part
Le retour

 

" Par quel charme myst�rieux Constantine a-t-elle marqu� aussi profond�ment tous ceux qui l'ont connue et plus encore habit�e? Tous en parlent avec chaleur et m�lancolie, car nulle part ailleurs ils ne pourront trouver autant de sauvage et fi�re beaut�. "

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  • Pour le petit lorrain de 11 ans que j'�tais ...

Pour le petit lorrain de 11 ans que j'�tais, ces trois ann�es pass�es de juillet 1958 � novembre 1961, � Constantine, ont �t� magnifiques et g�n�rent encore aujourd'hui une tr�s douce nostalgie, titill�e par tous ces souvenirs �gren�s sur ce site.

J'ai d'abord habit� une petite maison sur pilotis, semblable � toutes ces habitations du patrimoine coop�ratif de Bellevue, contigu�s 2 par 2 avec un escalier commun ; avec mon fr�re a�n� et les copains du quartier, les ballades � v�lo �taient notre principal loisir, en haut, vers Bel Air, o� habitaient quelques camarades de classe, ou, plus bas, par la route de S�tif, vers le polygone de tir o� nous allions voir �voluer, de loin, des engins blind�s de reconnaissance qui faisaient la course, faire la cueillette des douilles en tout genre et, pour finir, piquer une t�te dans un m�andre bien boueux du Rhummel...
A la rentr�e scolaire de 58-59, je suis entr� en 6� au lyc�e d'Aumale o� je me rendais � pied ...rue Pierre Loti, Bd Bir Hakeim, rue Rohault de Fleury, Place Lamorici�re, Place de la Br�che, rue Caraman...Au retour, la remont�e de la rue Rohault de Fleury m'offrait toujours le m�me dilemme : trottoir de gauche, l'ombre des arcades et les marchands ambulants de cacahu�tes, trottoir de droite " le " marchand de beignets � la friteuse bien fumante, et le l�che-vitrine ...Motoconfort et le v�lo de mes r�ves ( sur la recommandation d'un voisin bien renseign�, " on " lui avait pr�f�r� un mod�le " mont� sur commande "dans une sombre boutique de cycles de la Casbah !), Renault et sa petite derni�re, la Dauphine " a�rostable ", le magasin d'�lectrom�nager avec ses �lectrophones Teppaz et ses cerceaux de Hula hop ...
Plus tard, nous avons d�m�nag� pour nous installer dans un grand immeuble de Sidi Mabrouk, une sorte de cit� polici�re o� le loisir essentiel �tait de mettre au point la prochaine rencontre de football contre ceux de la cit� militaire voisine ; un derby o� le choix du camp �tait essentiel car le " pr� " �tait tr�s pentu !
Je me souviens �galement tr�s bien du Colis�e et de son toit ouvrant, de l'ABC aussi et d'un autre cin�ma dont j'oublie le nom, au d�cor maure, c�ramique bleue et blanche ; on y parvenait je crois par une rue o� d�ambulaient beaucoup de dames et de militaires !...
Au chapitre des commer�ants, j'accompagnais souvent ma m�re au Globe, et rue Victor Hugo, chez Bazar Bachah ( orthographe phon�tique), une grande �picerie tenue par plusieurs g�n�rations de Mozabites. Chaque visite dans cette boutique �tait salu�e par de tr�s r�v�rencieux " B�jor M�d�m "... "'voir M�d�m " .
Je me souviens encore de ce marchand ambulant qui vendait quelques rares l�gumes parmi lesquels "les p'tits porooooooos ", et aussi du marchand de figues de barbarie, si habile � d�cortiquer ses fruits en trois coups de canif, et des �boueurs courant � c�t� du camion avec leur grand panier en sisal !...
Le " boussadia "�tait une sorte de sorcier africain, accoutr� de fa�on bizarre et h�t�roclite : un pagne en peau de b�te, des breloques en tout genre, et un tambour pour rythmer des danses destin�es � faire venir la pluie ou � r�colter quelques pi�ces, gesticulant et roulant des yeux pour effrayer les groupes de gamins qui lui tournaient autour.
Face au lyc�e d'Aumale, les gorges du Rhummel �taient chaque matin le th��tre de quelques lancers d'avions et fus�es en papier. Dans cet �tablissement, j'ai tr�s vite compris que tout irait bien pour moi si j'�vitais de fr�quenter le bureau du censeur ; les grands nous avaient pr�venu, la porte en cuir capitonn�e et clout�e devait sans doute assourdir les bruits des " savons " r�serv�s aux cancres !
En 6�, j'ai �nonn� mes premi�res d�clinaisons latines avec une petite dame un peu boulotte dont j'ai oubli� le nom ; son surveillant g�n�ral de mari, un grand brun moustachu � l'air rev�che, r�pondait au sobriquet sans doute excessif de Hitler !...
Le dessin �tait, d�j� � cette �poque, ma mati�re favorite et le professeur d'Allemand, qui avait sa classe au rez-de-chauss�e de la petite cour, mettait � contribution mes pr�dispositions : j'avais le privil�ge de rentrer en classe avant tout le monde pour r�aliser au tableau quelques dessins � la craie illustrant le vocabulaire ou la grammaire du jour. J'ai toujours pens� que ce privil�ge me permettait le plus souvent d'�chapper aux interrogations !
Quant � la prof de musique, elle �tait charmante et aimait les jupes blanches...nous aussi, et ses �volutions � contre-jour, sur l'estrade, comme ses croisements de jambes, nous plongeaient dans un grand �moi !...

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  • J’ai bient�t 55 ans.

N� � Constantine, de parents, grands parents et arri�res grands-parents Constantinois. Suis n� rue Chevalier (1949-57), dans la maison o� est n� et habitait aussi Paul Amar, le journaliste, que j’ai vu et revu plus tard. Mais qui peut me dire dans quelle �cole primaire on allait,en habitant cette rue ? Je ne m’en souviens plus ! (tout renseignement sera le bienvenu) : il s'agit de l'�cole Condorcet. Je ne me souviens que d’une gentille instit’, Mme Rossazza.
Puis, de 57 � 61, on d�m�nage � Sidi M’Brouk Sup�rieur (appel� ainsi parce que plus en altitude que l’inf�rieur.).On en avait donc 2 pour le prix d’un… !…Mes parents r�cup�raient enfin, apr�s un combat hom�rique de X ann�es, leur maison, jardin, verger avec abricotier, p�cher, oranger, citronnier, noyer, cerisiers(2), vigne, etc, etc……Il faut dire que le locataire ne payait plus de loyer et s’�tait install� des ann�es. J’y v�cu heureux, 3ans seulement. J’allais alors au Cours Complémentaire Ferdinand Buisson. J’habitais 26 rue Léon Addida, la 3�me ou 4�me maison en montant la rue, cot� droit.
Nos voisins : les Khattabi, Aouizerate, Bismuth, et plus haut, Benchicou. J’ai le souvenir d’une bonne harmonie entre voisins de religions diff�rentes (malgr� les mauvaises langues !). Je parlais arabe avec mes amis musulmans et j’�tais heureux de parler cette belle langue. Je revois La rue Livingstone et le bus qui y passait, direction centre-ville. A ce propos, ce jour l� je ratais le bus, avec ma m�re. Ce même bus (N° 36) devait finir au fond du ravin quartier es Pins. Bilan :30 morts. J’en ai eu froid dans le dos. Je traversais le square pour aller au coll�ge, dont le Directeur Mr Rocc...i, m’avait gifl�  pour bavardage dans les rangs. Y’a hesra, !… C’�tait la p�dagogie de l’�poque ! Mais de bons Profs (Mme Poinsignon, Mr Mimouni, Borg, Kessous, Magnin).
Les odeurs, bien s�r, avec les nombreuses �pices qu’on retrouve dans tout le monde arabe et de l’orient : cannelle, cosbor (persil chinois), na’naa (menthe), clou de girofle,….le z’aar, liquide de la fleur d’oranger.
Le folklore (au sens sociologique), avec les fameux boussaadia, �voqu�s par 2 ou 3 personnes. C’�taient des sortes de saltimbanques, troubadours, gens de cirque ambulants, avec leurs singes, ch�vres (un peu Notre Dame de Paris),qui nous faisaient gentiment peur avec leurs grimaces, mais qui nous fascinaient.
La bouffe (g�niale bien s�r), le Khsess et la Kesraa, d�licieux pains ronds, de bl�, cuits au charbon sur le Khannoun (r�chaud en terre ou en m�tal,je ne sais plus).
Les moments � chauds ï¿½ : une fois seulement, le soir, un �change de coups de feu (c’�tait la guerre), extinction des feux ..et tout le monde � plat ventre, attendant la fin du film.( !!) Ambiance !!!.
Un d�tail scolaire, les � lendits ï¿½, sortes de spectacles, figures gymniques de groupes, en bon ordre, encore pratiqu�s dans les pays asiatiques, tout cela au fameux stade Turpin.
Un autre �v�nement marquant pour moi, � 9 ou 10 ans, et dont les parents ne poss�daient pas de voiture : la d�couverte de la mer!, direction Stora (la plage de Philipeville, maintenant Skikda),...gr�ce � la 2 CV du prof d’histoire, log� chez nous,et qui venait de la M�tropole (de France), de la Loire. A cet age,on �tait innocents, on ne voyait pas le mal (qui �tait pourtant autour de nous). En 5�me, la 1�re  de la classe �tait une jolie alg�rienne, qui portait, je crois, le nom d’un studio de photographe de Constantine (et dont j’ai oubli� le nom)..et moi, j’�tais 3e..Pas mal…
Je termine avec les fameux cr�ponets (pourquoi ce nom bizarre !) sur la Place de la Br�che….Je cherchais vainement une br�che, rien n’�tait �br�ch�, pas m�me le cr�ponet. Mais je connais enfin l’origine de ce nom, merci Serge de tes explications (page d’histoire � voir dans le site).
Bon, je sens que je fais long, j’abr�ge en �voquant le ï¿½ Tabarin ï¿½, caf� de la rue de France, qui appartenait � mon oncle, la maison que nous avions fini par vendre (tous n’avaient pas eu cette chance…), le d�part en train Inox pour Skikda ..et le bateau � Sidi Okba ï¿½ pour Marseille (qu’est ce que j’avais vomi pendant la travers�e !). Mais je n’�tais pas triste.
Et voil�, la France, avec les collines autour du port de Marseille, Aubagne…d�but d’une autre aventure qui continue…puisque je vis dans un autre oc�an, l’Indien. A bient�t, et faites nous partager vos �motions, �� r�chauffe !

  • Ca y est! J'ai 56 ans...et toutes mes dents.

Coucou, c'est encore moi.!!
Je sentais qu'il manquait quelques touches au tableau... Alors je récidive. C'est contagieux. Donc, je continue ma pérégrination à l'envers. A 5 ou 6 ans, je découvre Djebel Oua'ch (je pense que c'est la Montagne Déserte, en arabe : corrigez moi si nécessaire!).C'est un site sauvage et beau où le vent nous sussurait des chants étranges et puissants... Rassurez vous, je n'y  buvais que de l'eau! On y pique-niquait en famille. Passer sous le tunnel de la route de Sidi M'Cid, avec son odeur humide, procurait une sensation  étrange et agréable à la fois. Le Square Vallée (centre ville, près des terminus de bus) était un jardin public assez grand, bien entretenu. On tournait le volant de ses fontaines pour abreuver nos petits gosiers : j'avais un petit gobelet en étain, gris, . Mais où donc est il passé ? Sidi M'brouk Supérieur m'accueillit ensuite et son plateau du Mansourah. On y jouait au foot dans ses champs de blé. Les grains de blé vert, murissants étaient mon délice. Il y avait aussi une certaine Synagogue, pas loin du Square, et devenue Mosquée. Je revois encore ses colonnes à pilastre, décorées de stuc blanc, ses vitraux azur, grenat et vert. Les chants de Kippour, du Shabbat et de Pessah résonnent encore après 50 ans. Rue Zouiche Amar (Ex Léon Addida) : Salut à toi ! et Salut à vous, ses habitants, qui ont dû connaître mes parents, et moi. Le collège Ferdinand Buisson (1958-61) était déjà le prototype du collège "multiple", où les 3 peuples étaient mêlés. Il forgeait nos intellects mais aussi nos coeurs .Ceux qui n'ont pas connu cette époque pourraient penser "pure propagande, baratin politiquement correct,..." Et pourtant, je l'ai vécu ainsi, comme l'ont vécu, je pense, tous les jeunes coeurs et esprits rassemblés sous ces toits où le savoir libère et rend possible la tolérance  et l'ouverture d'esprit, l'esprit d'ouverture.. J'arrête là mon envolée et reviens vers le concret. Avril 1961 : J'entends la radio annoncer le "putsch des généraux" qui a duré 4 jours. C'est alors que bien des "pieds-noirs", mais aussi des "autochtones", enracinés depuis 2000 ans à cette terre, sentent que c'est le" début de la fin ". Ils  fuient, craignant l'embrasement général, qui finalement eut lieu, 1 an après. Tragique incompréhension disent certains, qui voulaient voir rester ces "fils d'Algérie", gagnés par la peur de la mort et de l'anarchie. Ceux qui n'ont pas vécu ces instants ne peuvent comprendre. MAI 1961: Finale de la Coupe de France de Foot: Juché dans "mon" cerisier, j'entends la Radio ...et Bianchéri marquer pour Monaco. Juillet 1961: Défilé FLN dans Constantine (et Sidi Mabrouk), pacifique et digne.Suis assis sur les escaliers de ma maison et contemple ce flot humain...et commence à comprendre. Octobre 61: C'est LA FIN. On prend le train INOX, beau train rutilant, flambant neuf (que certains ont cité dans le forum d'ADC). Direction Skikda /Philippeville ...On quitte le plancher des vaches pour la Grande Bleue, aux bons soins du bateau Sidi Okba. Avec lui flotteront les espoirs, souvenirs, regrets d'un pays magnifique, ...où une moitié de nous est encore présente. Pour les aînés, (et pour ceux qui n'ont aucune attache en Métropole) c'est quand même l'inquiétude devant l'inconnu. Moi, c'était l'insouciance ...et l'optimisme de l'enfance. Une expérience d'exil, comparable à tant d'autres.... FIN

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"Des souvenis, j'en ai tellement que je ne sais par lequel commencer... Et pourtant, je suis retourné à Constantine... 2 fois... (même si je n'y suis pas né puisque je suis arrivé d'Indochine à 4 ans) en 1988 et 1989.
Alors, la place des Galettes tout près de l'école Jean-Jacque Rousseau où nous habitions, le muezzin du la mosquée juste à côté, le lycée d'Aumale puis le collège moderne au Koudiat; le pain frais et les gâteaux que mon père allait chercher chqaue dimanche en bas de la rue Cardinal Lavigerie, ce pain qui contenait autant de microbes (mais frits et donc inoffensifs) que ceux racontés dans un des messages au sujet des zlabia... les fêtes dans les maisons juives du quartier... les cris, les odeurs, le bruit... les jeux, nos jeux d'enfant ou d'adolescent à courir et grimper partout... le tremblement de terre juste après la guerre (entre 44 et 46, je crois) qui nous obligea à coucher dans la forêt de pins tant le danger semblait important... Des souvenirs ? je vous dis, j'en ai à la pelle... et puis le cours de danse de Colette de Neef... pour lequel j'étais pianiste... et les cours de piano de Madame Bugelli"

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  • La ville.

" J'ai v�cu � Constantine jusqu'� l'age de 11 ans, c'est � dire 1954. J'habitais en face du stade TURPIN qui �tait le stade Municipal, dans un petit immeuble de 3 ou 4 �tages qu'on pouvait qualifier de bourgeois pour l'�poque. Je me souviens que nous allions au march� de la Place de la Br�che en descendant la rue Rohault de Fleury dont les arcades abritaient toutes sortes de commerces et notamment un laitier alg�rien chez qui on achetait le "petit lait". Nous arrivions � hauteur du Casino Municipal et remontions le long du square Val�e pour aboutir au March� de la Place de la Br�che. Jolie trotte...
En sortant du march� (ah ! ces petites grenouilles fra�ches qui �taient pr�sent�es sur des feuilles de vignes) ma marraine faisait une halte au Caf� Excelsior, en haut de la Place pour d�guster un Martini alors que je prenais l'escalier int�rieur de la brasserie pour rejoindre une rue en contrebas o� se trouvait la meilleure p�tisserie de Constantine et acheter une "cr�pe fourr�e" � la cr�me au beurre.
Ensuite, il fallait remonter souvent � pied, parfois en trolley ou luxe supr�me en... cal�che...
Je vous passerai les f�tes de P�ques avec le d�fil� � l'�glise du Sacr� Cœur au Coudiat portant fi�rement � bout de bras nos rameaux o� pendaient cloches, poissons, canards... en chocolat tout enrubann� de papier dor�. Avez-vous connu cela ? Je ne rappelle plus de leur nom.
C'est une coutume que je n'ai plus retrouver nulle part ailleurs. Si vous avez une id�e??? "

" �videment que je me rappelle la brasserie Excelsior avec sa terrasse en triangle donnant sur la place de la Br�che avec la poste et le th��tre en face. Mais je pr�f�rais la brasserie Alex tout � c�t�, qui �tait plus moderne et un peu sur�lev�e et que fr�quentaient les jours de sortie les potaches que nous �tions. La p�tisserie �voqu�e par votre correspondant �tait la p�tisserie Coutayar, fameuse, mais dans la rue Caraman entre les deux brasseries se trouvait la brasserie Le Poussin Bleu tout aussi bonne. Dans la rue Rohault de Fleury il y avait dans le d�but des ann�es 50 les premiers football de table que nous appelions ping foot dans un des caf�s, puis plus tard dans cette rue il y avait une tr�s bonne librairie. Je revois avidement le magasin de musique � cot� de la cath�drale.
Au stade Turpin j'ai assist� � de fameux matches de foot scolaires notamment les matchs Lyc�e �cole -Normale. Je me rappelle �galement en 1953 la finale du championnat d'Afrique du Nord de volley avec les �quipes d'Hydra-Alger, l'Alliance de Tunis et l'ASPTTC de Constantine au stade des Platanes en dehors de la ville � cot� du Tennis Club o� j'ai jou� quelquefois.
Il faut aussi mentionner entre autres lieux publics les Cin�mas tels le Colis�e pr�s du casino municipal sur l'esplanade, qui �tait �quip� de fauteuils de velours rouge et d'un toit ouvrant. L'entr�e de la salle �tait majestueuse de marbre noir et blanc donnant soit sur le cin�ma soit sur une immense salle de brasserie mais peu fr�quent�e d�j� � mon �poque. La magie venait le soir de l'�clairage fourni par des tubes de n�on de couleurs rouge ou bleu peu fr�quents � l'�poque et qui nous pr�paraient � l'illusion cin�matographique. L'ABC � Bellevue �tait une salle plus r�cente � l'am�ricaine avec rideau de satin et lustres en p�te de verre, escalier � fer forg�, marbre et dorures partout o� j'ai vu en 1953 "Autant en emporte le vent" quand il est sorti pour la premi�re fois en France et j'avais pay� 500 anciens francs ma place.
Maintenant la nostalgie doit �tre g�n�rale : il y avait aussi Constantine de la communaut� musulmane et celle de la communaut� juive qu'il ne faut pas oublier et qui �taient � elle deux la majorit� de la population. Il faut bien dire que � quelques exceptions pr�s les communaut�s ne vivaient pas vraiment ensemble mais � cot� les unes des autres.
De Constantine Arabe je me rappelle le march� de la place des galettes et celui de la place Negrier � cot� de la fameuse Medersa El Kettania fond�e par Benbadis et d'o� est sorti tout le mouvement du renouveau culturel arabo-musulman en Alg�rie qui fut une des sources du nationalisme. Elle se trouve tout � cot� du Lyc�e o� je faisais mes �tudes mais � l'�poque personne ne m'en parlais. Constantine est une immense ville culturelle du point de vue des Alg�riens. Il y avait �galement rue Nationale la Medersa puis Lyc�e Franco musulman, dans un tr�s beau b�timent de style mauresque. De cet �tablissement sont sorti des dizaines d'intellectuels bilingues qui ont form� les cadres de l'Alg�rie Ind�pendante. Ils sortaient ces potaches tout autant que nous et fr�quentaient certains caf�s entre la rue Caraman et la rue Nationale o� l'on entendait les musiques �gyptiennes de Farid el Atrache et Mohamed Abdel Wahab avant celles de Oum Kaltoum. A ce propos il faut signaler la splendide musique arabo-andalouse que je d�couvre seulement maintenant : Cheikh Raymond et Fergani entre autres, que l'on entendait dans les mariages.
De m�me le quartier juif de Constantine se trouve tout autour du lyc�e d'Aumale, la grande synagogue �tait sur la m�me place que la Medersa de Benbadis, nous autres potaches les soirs de sabbats nous avions vue par les fen�tres de nos dortoirs sur ces c�r�monies de pri�res avec ces ch�les blancs et bleus et ces pri�res qui semblaient faire �cho aux appels des muezzins voisins. De m�me par les fen�tres de certaines classes de seconde B et C nous voyons les habitants de ces quartiers accompagner � leur derni�re demeure leurs d�funts en toute simplicit� � pied en cheminant et devisant le long du pr�cipice qui borde le quartier et qui a bien la profondeur des gorges du Verdon. Les jours de sortie nous traversions le quartier avec les femmes �g�es en tenue encore traditionnelle et ch�chia f�minine coquettement inclin�e sur le cot� qui fa�onnaient au doigt les petites p�tes "tlitli" de type langue d'oiseaux, tandis que de joyeux buveurs trinquaient dans les bars d'alentour leur verre d'anisette dans l'odeur des kmias et de celle des merguez de "lili".
Mais je crois qu'il faut surtout insister sur le cadre stup�fiant dans lequel tout ceci se passait : Un rocher � pic sur trois cot� : au nord sur une plaine et � l'est et au sud sur des gorges. La ville s'�talant de part et d'autre des gorges ; j'entends encore les klaxons des autocars au fond des gorges quand ils s'engageaient sur la route de Philippeville, maintenant ou depuis toujours comme vous voulez : Skikda. "

" Pour ceux qui suivaient le sport, je faisais de l'escrime � la Constantinoise, dans les escaliers en face de la pharmacie Franquet. Oh, je n'�tais pas trop mauvais puisque je peux m'enorgueillir d'avoir remport� en l'espace de quinze jours, en Mai 1962, les championnats d'Alg�rie d'abord au Fleuret et la semaine suivante, � l'Ep�e. J'ai gagn� 27 coupes dans ma carri�re Constantinoise d' Escrimeur, mais ces deux derni�res repr�sentent pour moi, un tr�sor inestimable."

" Pour celui qui faisait de l'escrime dans la salle en bas à gauche des escaliers en face de la pharmacie Franquet et qui en Mai 1962 a remporté le championnat d'Algérie, je lui envoie ces deux photos où dans ce lieu , le judo, la danse et l'escrime faisaient bon ménage. De mon enfance passée dans ce lieu, j'ai le souvenir d'un grand panneau pendu à l'un des murs des armoiries de Constantine."

Corinne Deneef : [email protected]


La grande salle ...


... et son compteur !

Les escaliers

" En 1960 j'�tais interne en m�decine � l'h�pital civil de Constantine dans les services des docteurs Gozlan , puis Marill, puis Lebozec. Mais quand j'�tais plus petit vers 1946 et 1947 alors que j'�tais pensionnaire au lyc�e d'Aumale, o� j'ai fait toutes mes �tudes, je sortais le dimanche et j'�tais re�u par la famille B-F au faubourg Lamy de votre enfance que j'ai donc bien connu. A l'�poque c'�tait un quartier bien excentrique de Constantine et assez lointain mais d'une tranquillit� presque campagnarde et de fait les bois �taient tout proches pour de magnifiques promenades dominicales et les terrains de foot improvis�s un peu partout avec pleins d'enfants qui pouvaient sortir tr�s s�rement et tr�s librement dehors. Je me rappelle les odeurs de r�tis du dimanche associ�es au cri des marchands d'habits "ya rien � veeeeendre !!!". Par la suite je suis rest� assez longtemps comme m�decin en Alg�rie (je suis issu d'un couple mixte). Mais j'ai du rentrer pour l'�ducation de mes enfants. Je vous signale qu'un grand �crivain alg�rien de langue fran�aise Malek Haddad est du faubourg Lamy o� il a pass� son enfance, et qu'il a toujours chant� cette ville qu'il adorait un peu mythiquement � la mani�re des po�tes."

" En lisant tous les t�moignages que vous avez compil� j'ai eu l'impression de refaire une visite guid�e de cette ville au charme, c'est vrai, si envo�tant. J'y ai retrouv� aussi mon lyc�e si bien d�crit avec cette cour carr�e aux arcades d�limitant autant de buts o� se livraient � chaque r�cr� des parties de sou acharn�es auxquelles le "francaoui" que j'�tais tentait de participer.
C'est au r�fectoire du lyc�e d'Aumale que j'ai d�couvert des mets bizarres qui avaient nom couscous ou salade de pois chiches ! Et sur le trajet du retour, dans la rue Caraman, on pouvait moyennant 5 F la clope, se payer le luxe sulfureux d'une Pall Mall ou d'une Luky Strike !
Quel bonheur aussi de retrouver la saveur douce�tre des Zlabias chauds et sirupeux � souhait du marchand de beignets de la rue Rohault de Fleury ...et ses beignets au sucre !!! "

" J'ai quelques souvenirs de balades moi aussi avec mes parents au Monument aux Morts, le Bd de l'Ab�me, Djebel Ouach, la piscine, et le centre ville, la Br�che, le faubourg St Jean... Mon p�re avait un atelier juste � c�t� de la pr�fecture. "

" Tant de souvenirs personnels : la place de la Br�che o� nous allions les soirs d'�t� d�guster un cr�ponn�, la place Lamorici�re et son monument devant le garage Citro�n, le Pont Suspendu et en contrebas la route de Philippeville, le Pont Sidi Rached, la Medersa et la Passerelle Perr�gaux, le Monument aux Morts, le Chettaba... "

"Mais un fait m'�tonne particuli�rement. Personne, je crois, n'a mentionn� la rue Caraman. Pourtant cette rue, �troite et sans particularit�, �tait notre terrain de chasse favori. C'est l� que, d�s que nous avions une sortie, nous nous pr�cipitions pour arpenter sans fin les quelques m�tres de bitume. Tous les jeunes s'y retrouvaient pour zieuter les filles, �changer des sourires entendus et chahuter. Quelquefois il y avait des bagarres entre clans adverses, par exemple Lyc�ens contre Normaliens. Lorsque les finances �taient au beau fixe nous allions � la brasserie Alex ,qui se trouvait au d�but de la rue, pour y d�guster un caf�.
Pourtant la Place de la Br�che, beaucoup plus vaste, nous attirait moins. Peut-�tre pr�f�rions-nous la rue Caraman, car nous pouvions �tre plus pr�s des filles."

"Pour nous d'El Kantara, la rue Caraman,c'�tait surtout la rue du Monoprix et la rue Rohault de Fleury, c'�tait la rue qui symbolisait la partie bourgeoise de notre ville. Eh oui!! Et comme tout un chacun, nous y allions de temps en temps pour essayer de nouer quelques relations avec les petites du coin et parfois notre c�t� voyou connaissait un succ�s assez flatteur, mais aussi des prises de bec (et autres) avec "ceux d'en ville".C'�tait un peu la guerre des boutons revisit�e � la mode de chez nous."

" La photo montrant l'avenue Liagre, m'a fait chaud au cœur. Les "trams" (comme l'on disait) le garage Citro�n (devenue une agence d'Air Alg�rie), autant de souvenirs qui en appellent bien d'autres : les balades avec mes parents, les nombreux et spectaculaires d�fil�s militaires (certes, dans un contexte politique que je ne pouvais appr�hender � l'�poque, mais j'y allais surtout pour la musique, la seule qu'il m'�tait donn� d'entendre en "live" � l'�poque, la musique fait d'ailleurs toujours partie de mes passions). "

" Ayant v�cu � la caserne du quartier Genay, je n'ai pas eu beaucoup "d'ouverture" sur l'ext�rieur. Donc, je retrouve dans vos souvenirs ceux de mes frangins, le stade Turpin o� mon p�re �tait arbitre, le passage du vendeur de fromage blanc vers midi, la place Sidi Djellis, l'esplanade, la place des galettes, le bazar du Globe pr�s de la Casbah. la Doctrine Chr�tienne, j'en avais oubli� le nom et pourtant j'ai les photos de classe de ces petites ann�es.
Je voulais donc vous dire que je suis ravie de vous lire, �mue de partager des lieux en commun (et non pas des lieux communs!!!) avec vous, une enfance heureuse et pourtant si difficilement descriptible pour nos enfants.
Je m'emploie � reproduire les coutumes de No�l, les oreillettes, les fruits secs � la p�te d'amande..."

" Un autre souvenir a rejailli lors de la d�couverte de la carte postale sur la Br�che : on aper�oit sur cette carte la gu�rite du policier qui fait la circulation. La coutume � l'�poque (avant 1960) consistait � venir d�poser, chaque ann�e � la St Sylvestre, une bouteille d'ap�ro ou de vin, autour de la gu�rite, pour "les œuvres" de la police. Pendant une journ�e ou deux, il y avait donc une "couronne" de bouteilles autour et personne n'y touchait. "

" Cet endroit de la ville (le Centre Culturel Fran�ais) je m’en rappelle bien. Je ne connais pas le nom des rues ; c’�tait en haut de Saint-Jean : au sommet d’un c�t� la rue descendait � nouveau jusqu’� l’H�tel Cirta et de l’autre c�t� elle partait en deux ou trois directions ; une de ces directions �tait celle que parcourait le taxi qui me ramenait � la cit� universitaire quand je sortais en ville. A Saint Jean il y avait un coin petit et sombre o� l’on achetait des cassettes de musique et de 45 tours d’avant guerre. Le propri�taire �tait un vieux monsieur, particuli�rement louche mais dou� d’un esprit assez vif. Si on remontait Saint Jean vers cinq heures de l’apr�s midi, du samedi au mercredi, on trouvait souvent nos enseignant d’histoire ou de litt�rature tra�ner d’un c�t� � l’autre de la rue, en groupes de deux ou trois.
Il m’est arriv� de parcourir ces endroits au mois de juin assez t�t le matin, vers six heures et demie ou sept heures, quand les rues n’�taient pas encore encombr�es de monde et de voitures. A cette heure du jour o� la ville reprenait ses activit�s l’air �tait encore vif et frais ; les commer�ants ouvraient les rideaux des magasins en un fracas de t�le, balayaient et lavaient le trottoir en face de l’entr�e en jetant des seaux d’eau qui lavaient aussi ceux qui ne s’�cartaient pas assez rapidement. Le parfum du pain tout juste d�fourn� se confondait avec l’ar�me qui sortait des caf�s, o� des hommes lisaient le journal ou bavardaient debout devant le trottoir.
C’�tait beau.
Une des premi�res r�gles que mes copines m’avaient appris �tait la suivante : quand tu marches dans une rue et que tu passes devant des caf�s, lorsque tu rentres et que tu dois faire le m�me parcours, marche sur le trottoir de l’autre c�t� ???
Parce que de cette mani�re ceux qui se trouvent dans les caf�s ne te remarquent pas trop et surtout ils ne pensent pas que tu es en train de passer et repasser par l� dans un but pr�cis.
… but pr�cis ? quel but pr�cis ?
Toi et tes questions ! Marche sur l’autre c�t� et stop !
Ah…
Eh oui ; sortir au centre ville �tait toute une histoire… "

" Je ne me d�pla�ais que pour aller � l'�cole � Sidi Mabrouck et je me souviens aussi de ces "fracas de t�le", des "seaux d'eau".
M�me si ce n'�tait pas � Sidi Mabrouck que cela se passait, ces images sont ainsi dans ma m�moire.
Le seul r�el souvenir que je garde (en lien avec la ville) est l'immense escalier que nous montions et descendions pour aller � la gare. Je dis r�el, car bien d'autres m�morisations se sont d�velopp�es par les discours des parents et amis et surtout par les photos.
Une autre image li�e � la ville que pour le d�placement, est celle du tram pour lequel je ne me souviens que des manœuvres des perches qui le liait aux c�bles �lectriques a�riens.
Voil� un petit bout de m�moire exprim�e pour moi aussi, pour que cela reste. " 

" Les souvenirs de cette jeunesse incroyable affluent p�le-m�le : ce sentiment de libert�, le soleil, mes amis, l'�cole Diderot, le petit atelier de r�paration de pianos de mon p�re, � proximit� de la pr�fecture (Wilaya), la place de la Br�che, le boulevard de l'Ab�me et ses tunnels, le Rummel grossi par les pluies d'octobre, le march� derri�re le th��tre et les t�tes de moutons align�es sur l'�tal des bouchers, les odeurs de viande grill�e, les montagnes de past�ques … Mais aussi, que d'heures pass�es avec mes copains, assis sur la parapet du boulevard Joly Br�sillon (Zighoud Youcef maintenant) en face de la rue Sassy (El Kods aujourd’hui) sous les branches et les fleurs des immenses acacias et eucalyptus plant�s en contrebas. Je ne peux oublier ces arbres, car nous "d�gustions" les fleurs d'acacias et certains se roulaient des cigarettes d'eucalyptus !! Notre lieu de rassemblement �tait situ� juste en face d'un petit "caf� maure" qui faisait l'angle de la rue Sassy et du boulevard. Ce petit caf�, o� mes parents m'envoyaient acheter parfois quelques tasses de caf�, vers�es dans une casserole, a apparemment. Me reviennent �galement les souvenirs de ce repaire de petits brigands que nous �tions, que l'on appelait "les pigeons" situ� sous le boulevard, et qui se prolongeait jusque devant la pr�fecture. Nous descendions quelquefois avec nos carabines � plombs pour tirer sur les charognards qui tournoyaient dans le ravin. C'est � cet endroit qu'un jour de mai ou juin 1962, si mes souvenirs sont exacts, j'ai bless�, accidentellement mais heureusement tr�s l�g�rement, Mouloud, un de mes copains. Je suis certain qu'il ne m'en a pas voulu et qu'il aimerait comme moi, que l'on �voque ce souvenir, et bien d'autres, maintenant ensemble. Habite-t-il toujours au 1er �tage de cet immeuble du n� 1 de la rue El Kods ? Je ne me souviens malheureusement plus de son nom, mais je n'ai pas oubli� son visage. Mais Constantine, c'est �galement le pr�sent ! Et l�, me vient l'envie, que j'esp�re concr�tiser un jour, de retrouver le Rocher, ses habitants, ses ponts, la luminosit� de son ciel…pas seulement pour la m�moire, mais parce que l’accent du pays o� l’on est n�, demeure dans l’esprit et dans le cœur, comme dans le langage.(La Rochefoucault) "

"Ah les promenades, est-ce que les gens continuent � faire ces promenades, ou bien est-ce parce que la ville de Constantine s'y pr�tait bien, il faisait beau partout, il sentait bon partout, il y avait toujours un beau d�cor � regarder.
J'ai quand m�me toujours eu un petit regret ? J'ai en effet toujours regrett� quand on se baladait sur le boulevard de l'ab�me de ne pas voir une mer en bas.... eh oui ! J'ai toujours r�v� qu'en bas de ce grand boulevard quand on se penchait au-dessus de ce parapet, il y avait une mer bleue... eh oui, nous passions toutes nos vacances � Skikda (Philippeville), c'est marrant tout de m�me ... quand nous parlions fran�ais nous disions Philippeville, mais quand nous parlions arabe nous disions Skida, sans h�sitation dans les deux langues !
Constantine au printemps me rappelle les grandes balades que nous faisions quelques fois jusqu'� Djebel Ouahch ... nous y allions faire du patinage sur patins � roulettes, et les picnics au bord du lac.... Je crois si mes souvenirs sont exacts qu'ils y avaient 3 lacs...Ils �taient immenses pour moi jusqu'au jour o� j'y suis retourn�e en 1987.... La grande surprise ! en 15 minutes nous avions fait le tour, ils �taient plut�t petits, je ne cessais de r�p�ter � mon cousin qui nous y avait emmen�es, t'es s�r qu'il n'y a pas un autre lac, de l'autre c�t�, t'es s�r qu'il n'existe pas un autre lac bien plus grand???? non c'est tout, t'as vu tout le djebel Ouahch....qu'il me disait... incroyable !
Ma m�re �tant originaire du village d'El Harrouch avait toute sa famille � Skikda, et c'est toujours � Skikda que nous passions nos vacances � la mer, m�me quand nous habitions � Alger !!! Notre plage pr�f�r�e �tait Stora, bien que nous avions pass� pas mal d'�t� � Jeanne d'Arc, deuxi�me fontaine... que de souvenirs. Certains de nos voisins - � la cit� Guaillard - allaient � Djidjelli (Jijel) ou � Collo ou m�me � Annaba, la Calle.... pour passer leurs vacances � la mer. Ah les belles soir�es � se raconter comment s'�taient pass�es nos vacances � la mer, car les gar�ons avaient de la chance, eux ils pouvaient aller se tremper � la piscine mais pas nous les filles. Je n'ai jamais mis les pieds dans cette piscine.... J'adorais la regarder - il fallait faire en sorte de ne pas la rater, quand le train sur la route de Skikda sortait du tunnel, encore un peu et il �tait trop tard, on ne la voyait plus..."

"Il y a certaines odeurs qu'on n'oublie pas !
L'odeur du printemps � Constantine est tr�s particuli�re. Je ne sais pas si vous vous rappelez tous, le printemps et les fleurs qui viennent avec. C'�tait la p�riode pour nos m�res de recueillir le nectar des fleurs d'oranger et des roses pour en faire plus tard de l'eau de fleurs d'oranger (ma zhar) ou de l'eau de fleur de roses (ma ward).
Tous les march�s �taient jonch�s de fleurs, j'en ai un souvenir tr�s vivace, toute la ville �tait embaum�e de l'odeur de ces fleurs...Une de ces choses qui nous manquent, que je n'ai retrouv�e nulle part ailleurs, m�me pas � Alger - peut-�tre parce qu'� Alger j'�tais un peu plus �g�e et que j'y vivais plus comme une �trang�re !
Dommage que cette belle occasion se perde, c'�tait l'occasion des femmes de la famille de se r�unir pour trier les roses, les fleurs d'orangers, monter le KATTAR (ALAMBIC, un mot d'origine arabe : pour distiller) c'�tait immense, il fallait le monter quelle op�ration. La maison "puait" de l'odeur tr�s forte des fleurs d'orangers, toute la maison en �tait impr�gn�e, bien apr�s l'op�ration qui consistait � recueillir ce liquide pr�cieux goutte � goutte... tout cela prenait quelques jours, quelques fois semaines, avant que toutes ces belles fleurs ne passent � la vapeur??? et que toutes ces bouteilles ne soient remplies... "

" Constantine au printemps me rappelle aussi les g�teaux aux dattes que pr�paraient nos m�res pour c�l�brer le printemps, et que nous mangions avec du lait caill�.... on appelait cela les "Braj" qui s'en souvient ?
Je me souviens aussi du pain dur que nous mangions pendant les P�ques Juives, avec les filles de nos voisins Naccache, Darmon, Attali... J'ai retrouv� ce pain ici aux USA, mais il n'a pas le m�me go�t, et il n'est pas fait maison.
Je parle du printemps, c'�tait ma saison pr�f�r�e � Constantine... mais j'aimais bien la neige en hiver, les batailles rang�es de boules de neiges, l'�cole ferm�e pendant plusieurs jours, le pont Sidi M'Cid ferm�, et l'�t� qui se souvient des �t�s tr�s chauds... l'heure de la sieste... les rues vides pendant l'heure de la sieste....le soir nous montions sur la terrasse de notre immeuble et toutes les voisines s'y retrouvaient pour prendre un caf� au lait, ou un caf� noir... ah les voisines...
Les jeunes filles parlaient de gar�ons et nous les gamines nous ne perdions pas un mot de ce qu'elles se racontaient... elles faisaient notre �ducation sans s'en douter. "

Constantine en 1984 - 1985
" Constantine pour moi c'est le grand monument aux morts, monument que nous avons visit�, puis le monument des martyrs de la guerre d'ind�pendance c'est ainsi qu'ils nomment leur monument aux morts alg�riens de la guerre.
C'est aussi les ponts, la peur que j'ai eu en traversant le pont � pied avec le pr�cipice en dessous... Je me souviens surtout de la foule sans cesse sur les trottoirs, sur les places, les gens qui conduisent sans respecter les feux rouges ni les pi�tons, les gosses qui jouent au ballon avec des bo�tes de conserves sur les trottoirs ou dans les terrains vagues, les multiples bijouteries ouvertes tard le soir la poste ouverte 24h sur 24 et o� on faisait la cha�ne assis sur un banc pour attendre une cabine pour appeler la France...
Je me souviens aussi du mal pour trouver un fleuriste : nous �tions invit�s chez un directeur de cit� universitaire et j'ai voulu emmener des fleurs... Avec Brahim on a du faire des kilom�tres en ville pour finir par trouver un �norme bouquet que l'on m'a envelopp� dans un papier marron � l'aspect douteux qui fichait tout en l'air j'ai retir� le papier et j'ai nou� le bouquet avec une partie d'un nœud d'un paquet cadeau que j'avais amen�...
Constantine pour moi ce sont les odeurs : �pices, fleur d'oranger, poussi�re, odeur �cre de la viande un peu longtemps sur les �tals, cette odeur laiss�e par la multitude de chats qui ne sont � personne mais qui vous grimpent aux jambes dans les restaurants si on ne leur jette rien sous la table. C'est un ensemble un peu �cœurant mais que l'on oublie pas.
Ce sont toutes les voitures avec des immatriculations pseudo fran�aises du genre 3333 WWD 280, le 2 on se demande pourquoi et on vous explique qu'elles viennent de la Somme (80) et qu'elles seront d�douan�es un jour mais vu leur anciennet� c'est peu probable.
Le passage dans les all�es o� se trouvent plein de garages transform�s en boutiques, ici un coiffeur, ici un m�canicien super ing�nieux qui d'une aile de Mercedes vous fait une aile de 4L rutilante, ici une pi�ce carrel�e du haut en bas et o� on vous cuit des poign�es de brochettes de foie d�licieuses avec des tasses de caf� au lait.
Je me souviens que chez le boucher on ne choisit pas on dit 1kg de viande et on prend ce qu'il donne au fur et � mesure qu'il d�bite la b�te pas toujours �vident d'�tre bien servi ! ! !
En 1985 lors de mon deuxi�me s�jour, c'�tait en septembre, les enfants jetaient par les fen�tres leurs cours de l'ann�e d'avant ce qui faisait un joli tapis dans la poussi�re et la glaise autour des barres d'immeubles Toutes les nuits on remplissait la baignoire, les bidons, les bouteilles, les r�servoirs sur la terrasse car il y avait de l'eau 2 heures par jour et on stockait pour 24 heures tant�t c'�tait la nuit que l'eau coulait tant�t le jour. Je pense que c'�tait par quartiers � tour de r�le que l'eau �tait distribu�e.
Parlons des grands bureaux d'Air Alg�rie vers la place de l'Ind�pendance, peut �tre l'ancienne place de la Br�che, impossible d'avoir des renseignements pr�cis si on ne venait pas de la part de L'O N A T (office national alg�rien du tourisme). Visite �galement du Bardo et de son mus�e o� je pense avoir vu des meubles qui, nul doute, venaient de maisons d'anciens colons (salle � manger Henri II par exemple).
Pas triste la fouille des bagages � l'a�roport d'AIN EL BEY sur une longue table en bois. Les jours d'affluence je suis certaine que des v�tements ont du �tre rang�s dans des valises de voisins. "

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  • Les quartiers.

" Mais o� sont les Constantinois d'El Kantara ? Comme on disait alors en parlant des autres quartiers "d'en haut", il n'y en a que pour les Constantinois "d'en ville"!! Amis, ne le prenez pas mal mais il y avait vraiment une rivalit� de quartiers.. C'�tait notre folklore, notre Clochemerle... Une autre culture aussi. A El Kantara, gamins, on �tait dans la rue, dans la for�t de pins du c�t� du Parc des PTT et du Coll�ge Technique. On posait des pi�ges pour attraper les oiseaux, ou on les chassait au "taouat" et certains d'entre nous �taient de vrais champions dans cet exercice. On �tait des enfants heureux et libres!! "

" En ce qui concerne la rivalit� entre quartiers je ne m'en souviens gu�re.. par contre quand tu parles de la "ville", pour moi il me semble qu'� Saint Jean ou � Bellevue ce qu'on appelait la ville c'�tait la rue Caraman la rue de France etc.. Nous �tions aussi des banlieusards.. du c�t� du boulevard Victor Hugo ... Je me souviens cependant de pas mal de choses a El Kantara... La gare bien s�r o� mon p�re m'amenait souvent ... Au del� de la gare, � droite il y avait aussi une salle patronale… qui faisait cin�ma le dimanche apr�s-midi… J'y allais avec mes amis du faubourg Lamy... L'usine � gaz... Un petit bois "les pins" si je me souviens bien, etc… "

" J'ignorais que pour les gens "d'en ville", la ville c'�tait le principal centre commercial, avec le Monoprix, le Globe, etc...
Mais puisque tu me parles de la salle patronale, sache que le cur� de la paroisse, le cur� Loro avait mis des locaux � notre disposition o� nous nous retrouvions tous les jours et pendant les �v�nements, nous y �tions � l'abri. Nous avions d'ailleurs modestement baptis� cet endroit "Le Cercle" et c'�tait devenu notre second domicile. Notre bande s'est peu � peu �toff�e et c'est dans cette bande que j'ai trouv� la femme de ma vie. "

" Ya zahma! Comment y nous parle celui d'en bas, tian veux des cours de taouat, ques tu crois, y en avait pas des oiseaux dans les quartiers "d'en haut"? Et les carrioles, fabriqu�es avec des roulements � billes, avec des semelles de vieilles chaussures pour servir de freins, c'�taient pas des DS 19, bon allez, je t'excuse pour cette fois, mais c'est vrai qu'on �tait un peu plus civilis�s que ceux d'en bas. Au fait peux-tu me dire d'o� vient le nom d'El-Kantara, et Sidi Mabrouk, ce "Sidi" sans rancune. "

" J'ai re�u en h�ritage le taouat de mon p�re, fait dans de bois d'olivier durci au feu et il tr�ne en bonne place � la maison. Il aura besoin d'une petite r�paration mais j'ai du mal � trouver de l'�lastique noir carr� comme en en trouvait l�-bas. C'est un engin qui doit avoir 50 ans. Une vraie pi�ce de mus�e. Quant aux carrioles, j'ai le souvenir d'une r�alisation du p�re d'un de nos copains qui avait confectionn� le bolide avec des roues de landau de b�b�. Nous pouvions y monter � trois et nous d�valions la route depuis le Centre d'Apprentissage � toute vitesse et un jour nous avons m�me doubl�, en plein virage un taxi qui roulait p�p�re...ce qui nous a valu de nous retrouver au commissariat. Je passe sur l'engueulade qui s'en est suivie!!
Le Lyc�e nous a un peu "civilis�s", c'est vrai et j'ai eu de tr�s bons copains au bahut originaires "d'en ville". Mais il est vrai que nous n'allions pas souvent dans vos quartiers, sauf pour ..y draguer les filles!!! "

" J'ai habit� un pays magnifique, dans ce pays, il y avait une ville qui �tait extraordinaire et typique, mais aucune autre ville ne pouvait l'�galer. Cette ville Constantine sortait vraiment de l'ordinaire, on ne pouvait l'oublier si on y passait, mais dans cette ville, il y avait plusieurs quartiers: Fg Lamy, El Kantara, Quartier arabe, quartier juif, le centre ville, Saint Jean, Bellevue etc...Mais le plus beau de tous, savez vous lequel c'�tait? C'�tait le mien, le Quartier Saint Jean, n'est ce pas amis de ce quartier ? Mais dans ce beau quartier, il y avait une rue la plus belle de toutes. C'�tait une rue comme on en voit peu, pour moi, et c'�tait la rue Pinget. Et dans cette rue ou il y avait la cave � Vins sous le Coudiat, il y avait le marchand de beignets, le poissonnier, mais il y avait une maison avec des mosa�ques dans l'entr�e, et c'�tait la plus belle, et il y avait un appartement mais le plus beau c'�tait le mien, bref... "

" J’habitais en bas du Koudihat, � c�t� de l’�cole Victor Hugo. Alors vous pensez bien que le garage Citro�n �tait pour moi un lieu un peu particulier avec les DS qui entaient et sortaient, le casino et le Colis�e o� mes parents m’emmenaient r�guli�rement au Cin�ma.
Ce quartier avait quelque chose de magique. Dans la rue o� j’habitais il y avait des compagnies de cars de voyageurs qui faisaient la liaison avec S�tif. Tous les matins la rue �tait remplie de monde qui prenait ces cars. De ma fen�tre je voyais des hommes charger sur les imp�riales toutes sortes de choses depuis les valises, les cages avec des poules, des meubles. Dans cette rue il y avait plein de marchands ambulants qui vendaient des brochettes, des merguez, des boissons, des cacahu�tes, des bonbons, des figues de barbarie... Et puis d�s que les cars partaient vers midi. Tout ce monde s’en allait. La rue �tait anim�e vers 13H30 avec les cris des enfants, dont je faisais parti, qui allaient � l’�cole V.H. Plus tard en d�but de soir�e, c’�tait les enfants du quartier, mes copains, qui occupaient les lieux... Et �a recommen�ait tous les jours surtout l’�t� quant il n’y avait pas d’�cole."

"Je suis n� en 1952 � la clinique des ap�tres de Sidi Mabrouk. J'ai �t� con�u neuf mois avant �a  impasse Prud'hom, aussi appel�e Chara' Lihoud. La famille de mon grand-p�re �tait la seule famille musulmane de cette rue juive. Feu mon papa �tait interpr�te � la pr�fecture, et d�but 52 on nous a donn� un F5 dans la flambant neuve cit� Gaillard o� nous avons rejoint un groupe h�t�roclite et joyeux de familles musulmanes, juives, fran�ais de France et pieds noirs, et nous avons v�cu une bonne dizaine d'ann�es dans une atmosph�re de rigolade ubuesque, m�me et surtout � cause des �v�nements, en toile de fond irr�elle. Nous avons grandi ensemble, tous les enfants de toutes religions confondue sur des airs de malouf, de zendali, de chachacha, de Dalida et Marcel Amont, Raymond et Fergani. J'ai fr�quent� l'�cole Michelet et ensuite l '�cole Jean Jaur�s � Bellevue, et apr�s le coll�ge moderne � la Koudia, qu'on a renomm� lyc�e Jugurtha apr�s l'ind�pendance."

"J'ai quitt� Constantine jeune, mais je dois dire que nous y retournions pendant les vacances d'hiver et de printemps, et pourtant j'ai oubli� pas mal de noms... la rue Brunache par exemple, est une rue que je ne prenais pas souvent, mais ils me semble qu 'il y avait une librairie et que c'est l� que nous achetions nos affaires scolaires.... Je me souviens plus de la rue Danremont que nous prenions pour �viter la foule qu'on aurait trouv�e � la rue Caraman (la rue de la drague le samedi soir), ou la rue de France...
Je me souviens bien de la rue Rohault de Fleury, de la Br�che, de l'esplanade o� nous mangions des glaces (des cr�ponn�s) sous le regard des passants sur le boulevard de l'Ab�me, la pyramide, le stade, le Coudiat, le boulevard Victor Hugo, mais je suis incapable de me souvenir du nom des p�tisseries...
Je me souviens de la foire de Constantine, et du Radio Crochet, Gaston Guenassia (notre Enrico que j'ai rencontr� il y a deux ans ici � Washington, j'ai une belle photo avec lui!), avait chant� sa fameuse chanson "Oh Guitare guitare"."

"Dans mon coin de la Cit� Gaillard, o� je grandissais dans une communaut� exemplaire - les trois communaut�s juive, chr�tienne et arabo/berbero/musulmane �taient r�unies - �tait plut�t un autre monde, je le r�alise � pr�sent.
Oui j'ai grandi dans cette communaut� o� le samedi c’�tait nos petits voisins qui allaient � la synagogue, le dimanche c‘�tait l'�glise et nous, nous ne partions nulle part, car tout d’abord le vendredi n’�tait pas f�ri�, nous n'allions pas � la mosqu�e, d'une part parce que les femmes et les filles n'y allaient pas, et d'autre part le peu que nous connaissions de notre religion s'apprenait � la maison ou alors en secret � la medersa (�cole coranique). Le jeudi apr�s-midi nous n'avions pas classe, mais pour nous il y avait classe, nous allions � l'�cole arabe, apprendre un peu d'arabe et un peu de religion, j'�tais bien jeune en ce temps-l� et ces classes �taient pour moi surtout un jeu... d'abord promettre � ma m�re de ne pas r�p�ter que j'allais � �cole arabe, c’�tait notre secret - notre vie en d�pendait me disait-elle, ensuite c’ �tait la recr�ation pour moi, le ma�tre nous parlait en derja (arabe parl�), r�citait quelques versets coraniques que nous r�p�tions � tue t�te, et le reste c’�tait vraiment la r�cr�... il y avait toujours quelque chose � manger...
Toujours est-il que notre vie a �t� diff�rente des jeunes des autres quartiers surtout les quartiers arabes, nous parlions fran�ais dans la rue/�cole et arabe/kabyle � la maison, mais nos jeux �taient en fran�ais - qui se souvient du baccalaur�at ??? "

Notre classe de sciences, donnait sur la cour de l'�cole Poincarr�, l'�cole de gar�ons.
Notre centre commercial �tait le quartier d'El-Kantara, c'est l� o� l'on allait acheter la mercerie, etc. C'est quand j'ai commenc� � aller au coll�ge du Coudiat, que j'ai d�couvert la rue Brunache, on achetait les livres dans la librairie qui se trouvait dans cette rue.
Qui se souvient du concours de la meilleure vitrine ? Sur la place de la Br�che du c�t� de l'Op�ra, il y avait une vitrine qui avait reproduit le pont suspendu, c'�tait magnifique.
J'adorais faire le l�che vitrine avec ma m�re dans sa m'leya, j'adorais surtout le magasin " le Globe ", quelle �l�gance, dans ma m�moire d'enfant, je revois toutes les lumi�res et le rayon des poup�es, poup�es que me ma m�re ne pouvait pas se permettre d'acheter, trop ch�res pour nous.
Mon p�re est mort dans un accident de chemins de fer � Ouled Rahmoune, mais toute ma vie a continu� � tourner autour des chemins de fer, les colonies de vacances des chemins de fer, les visites m�dicales aux chemins de fer, les voyages sur Skikda en chemins de fer - c'�tait gratuit.
Je suis all�e jusqu'a Tlemcen en chemins de fer, en passant par toute la zone, El Khroub, T�lerma, Chateaudum du Rummel (maintenant Chelghoum el Laid), Saint-Arnaud (maintenant el-Eulma), S�tif, BBA (Bordj Bou Areridj), Alger, Orl�anville (depuis El-Asnam maintenant Chlef depuis le tremblement de terre), Oran, Tlemcen, la d�couverte de l'Alg�rie en train. Sur le cote Est c'�tait Hamma, Smendou, St Charles, St Antoine, Philippeville (maintenant Skikda).
J'adorais la gare de Skikda, Magnifique, et surtout la mer, la mer, la mer, aussi bien du c�t� de Jeanne d'Arc que du c�t� de Stora..."

"Nous sommes arriv�s au Faubourg Lamy par une belle journ�e d'�t� � fin juin 1952 ï¿½. J'avais 6 ans 1/2.Je me souviens d'une belle maison � �tage avec un joli jardin o� un gros bougainvillier dont les fleurs de couleurs rouges explosaient par-dessus la cl�ture. Sur le c�t� gauche de la porte d'entr�e, les rayons du soleil filtraient � travers le treillage d'une vigne vierge qui formait une tonnelle (elle a abrit� tous mes jeux de petite fille � go�ters d�nettes avec les copines ï¿½, de l'autre c�t�, des fleurs �talaient leur palette de couleurs : des glycines s'agrippaient au mur, des belles de nuit, des rosiers et des capucines grimpaient le long d'un grillage mitoyen avec le voisin. Derri�re la maison  se nichait un pigeonnier, le propri�taire �tait colombophile. Il habitait � l'�tage, nous nous occupions le rez-de-chauss�e.
La maison se trouvait dans un angle rue du Sergent Marcel Gurriet et ? (je ne me souviens plus du nom de la rue, ni de notre num�ro)  Je sais qu'en face se trouvait une petite impasse avec un grand portail en fer d'o� partait un grand mur d'enceinte. Je me rappelle l'avoir vu ouvert parfois et l'on voyait une grande b�tisse.
Le car qui redescendait sur d'El  Kantara s'arr�tait juste en face de la maison .Mon �cole primaire �tait situ�e en bas de ma rue. Cette rue o� je me souviens des enfants la descendaient � toute vitesse sur une plate forme en planches avec quatre roues (roulement � billes) et ils la dirigeaient par un jeu de cordes attach�es � une barre directionnelle sur les roues avant. Le bruit et leurs cris attiraient toujours beaucoup de spectateurs.
Il y avait aussi ce personnage : un homme de peau basan�e affubl� de peaux de lapins et de boubous autour de sa taille il tapait sur un tambour et chantait des m�lop�es tout en gesticulant. Nous l’entourions et nous l’imitions , mais il suffisait qu’il fasse un pas vers nous en levant son b�ton, pour que nous nous �parpillions comme des oiseaux.
Dans ma rue passait aussi vers midi un homme, qui tirait avec son vieux v�lo, une carriole o� reposait une meule et qui criait � aiguiseur de couteaux de ciseaux… ï¿½. Il avait toujours beaucoup de succ�s.
Le matin une clochette annon�ait le laitier et son �ne. Il proposait du fromage blanc qui s’�gouttait dans une mousseline accompagn� d’une cr�me onctueuse. Oh ! Que c’�tait bon !…
Nous sommes partis du Faubourg Lamy en 1954 pour le quartier Genay."

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  • Les �coles.

" Un autre souvenir aussi, c'est les fortes neiges en hiver et les descentes en luge sur nos cartables. J'allais � l'�cole, derri�re le stade, il fallait, autant que je m'en souvienne, marcher un bon 1/4 d'heure pour y arriver et sans tra�ner...
Je me souviens que si on voulait aller plus vite, il fallait d�valer un esp�ce de bois tr�s pentu, assez dangereux. "

" Toute ma scolarit� en primaire s'est d�roul�e � l'�cole Diderot, derri�re le mur d'enceinte du Palais, sans que je ne sache ce qu'il repr�sentait tant au plan historique qu'architectural. "

" La place de Lamorici�re, c'est mon pass� de coll�gien ; je la traversais 4 fois par jour... J'ai appris, il y a quelques temps, que la statue du G�n�ral Lamorici�re se trouvait maintenant dans un village de Loire-Atlantique, � 50 km environ de mon domicile. " [1]

" Ancien �l�ve interne du lyc�e d'Aumale puis interne en m�decine de l'h�pital civil (baccalaur�at 1953, th�se Alger 1961), j'aimerais rappeler l'atmosph�re du lyc�e � cette �poque. Il s'agissait d'un lyc�e type Napol�on III avec sa cour carr�e entour�e de galeries sous arcades avec balustres dans les �tages. Petit lyc�e et grand lyc�e, cour des petits et cour des grands, avec les "mouvements" rythm�s par les coups de sonnette. Les r�fectoires � tables de marbre et "carr�s" de six �l�ves avec l'�l�ve chef de table qui servait. Les dortoirs dans les �tages, avec obligation de d�faire le lit le matin pour le refaire le soir, mont�e en rang des 3 �tages pour aller se coucher, douche une fois par semaine, aller et retour toujours en rang. Sortie les dimanche et jeudi avec �margement de la feuille de sortie au parloir sous le regard des anciens proviseurs portraitur�s dans leurs cadres.
Mais pendant les recr�ations il y avait les parties endiabl�es de pelote (foot Ball de rue) ou de sou : petite bourse de sable que l'on faisait sauter sur le dos de son pied � angle droit sur une jambe au genou fl�chi et que l'on se passait de joueurs en joueurs, et il y avait la tol�rance du coin o� les grands �l�ves fumaient en discutant soit de philo ou de maths ou de leurs amours.
L'enseignement y �tait peut �tre s�v�re, je ne sais pas et je ne me suis jamais pos� la question, mais il fallait �tudier cela allait de soit. Maintenant je m'aper�ois de la valeur de tout ce qu'on m'a transmis. Les professeurs n'�taient que des hommes avec leurs bons et leurs mauvais cot�s, mais ce ne sont pas les plus brillants ni les plus r�put�s qui m'ont apport� ce que je valorise maintenant. J'ai eu un professeur d'histoire g�ographie qui passait pour ennuyeux et qui d�bitait son cours pendant une heure sa main sous son menton en parlant d'un ton monocorde et en masquant presque sa bouche (ceux qui l'ont eu le reconna�tront). Eh bien j'ai toujours dans ma t�te toutes les descriptions de pays qu'il nous a faites et notamment celle de la France m�tropolitaine. Un autre, qui passait pour farfelu, est celui de qui je tiens un certain int�r�t pour la litt�rature."

" A partir de ce moment, je me suis mis � visiter un peu toutes les �coles constantinoises ! J'ai toujours eu un peu l'�me d'un collectionneur et d'un voyageur imp�nitent !... Dans l'ordre, je crois qu'apr�s Gambetta, j'ai du aller � Victor Hugo du temps du p�re Cachot, un nom pr�destin� pour un directeur d'�cole !... Ensuite j'ai du aller � l' �cole Jeanne d'Arc "pr�sid�e" par l'Abb� Coulome, une vraie "peau de vache", dieu ait son �me. Les m�chants diront que j'avais m�rit� les fesses qu'il m'avait fait rougir avec sa r�gle, mais 50 ans plus tard, je m'en souviens encore. Je me souviens d'�tre rentr� chez moi un samedi � midi, en me frottant les fesses sur le parapet du Boulevard Joly de Br�sillon qui dominait l'esplanade du march� couvert...
Apr�s Jeanne d'Arc, j'ai du faire une tr�s courte apparition au Lyc�e d'Aumale, une 7�me je crois. Mais je ne crois pas que cet interm�de se soit bien termin� pour moi, il y a du avoir une petite incompatibilit� d'humeur entre le proviseur, censeur et consort et moi !... Conclusion, je me suis retrouv� en classe du Certificat d'�tudes � l'�cole Jules Ferry, Place Sidi Djellis en plein milieu du quartier arabe. Je me souviens que nous �tions 38 �l�ves et que nous �tions seulement 2 fran�ais. Je partageais ce privil�ge avec Gilbert Laurac. Tu t'en souviens Gilbert !... De gr�ce, si tu lis ce message, prends contact avec moi, j'aimerais tellement te retrouver...
Apr�s Jules Ferry j'ai pass� directement en 5�me et apr�s, j'ai continu� normalement mes �tudes jusqu'aux l'examen d'entr�e bacs au Coll�ge Moderne du Koudiat. "

"En 1944 j’accédai en 6ème au Collège Moderne du Coudiat que menait d’une main de fer le Principal, Monsieur D. un malabar blond à mèche rebelle et voix de stentor que les élèves surnommaient Oscar. Une figure que cet homme là ! A chaque récréation il se campait sur la galerie du premier étage, donnant d'énergiques coups de sifflet jusqu'à ce que toutes les classes se soient rangées en silence dans la cour. Tant qu’une parcelle du territoire français fut encore sous la botte nazie il en profitait pour nous lire, demi-lunes sur le bout du nez, les lettres déchirantes que des résistants de vingt ans avaient écrites à leurs parents avant d’être fusillés par l’occupant. Mes premières leçons de patriotisme. Ces jours là, point n’était besoin de ses coups de gueule pour nous faire entrer en cours.
En fin de trimestre il passait dans les classes commenter le classement, félicitant l’élite avec des mots choisis, accablant les derniers dans un vide sidéral. Il piquait de terribles colères qui résonnaient par-delà les portes capitonnées de son bureau. Les élèves rasaient les murs et baissaient les yeux lorsqu’ils venaient à le croiser dans les couloirs, craignant ses algarades inopinées. Il avait l’oeil à tout; je l'ai vu forcer un interne à lécher son propre crachat dans les escaliers pour lui apprendre les bonnes manières !
Croquer le plus petit carré de chocolat, écorner un croissant en catimini pour se consoler des rigueurs de la cantine avait valeur d’exploit aux yeux des pensionnaires dont il inspectait les casiers à l’impromptu, par crainte de la vermine et des moisissures. Quiconque était pris à y dissimuler une denrée périssable en conservait un souvenir qui ne l’était assurément pas. Quant aux infortunés qu’il pinçait à téter un mégot à l’abri illusoire des piliers du préau, ils n’avaient aucun mal à se convaincre des méfaits du tabac.
Vengeance impuissante de ceux qu'il terrorisait, son sobriquet s'étalait à la craie sur les trolleys de la ville et c'est en toute innocence qu'une parente d'élève, venue plaider la cause de son fils, coupable d’entorse à la discipline, l'avait candidement appelé “monsieur Oscar”, croyant de bonne foi que c'était là son nom. L’entretien s’en était trouvé écourté de beaucoup.
Nous savourions les plaisanteries rituelles de monsieur Poggi qui appelait au tableau, pour la résolution d’un problème, l'un des quatre Attali de la classe en hésitant longuement avant de livrer son prénom, Claude, Hervé, Pierre ou Edmond, pour faire durer le suspense. L’intéressé butait-il sur la solution, il se faisait aussitôt traiter de deb, de brèle ou de djmel, qualificatifs dont il ne s’offusquait guère car ils nous étaient promis à tour de rôle. Il arrivait pourtant que les démonstrations s’éternisent et que nous nous laissions distraire par des messages qui circulaient sous le manteau, de table en table. Faites passer.
Un matin que B., mon âme damnée, me titillait sur un de ces libelles à l’orthographe approximative dont il était coutumier, j’assaisonne ma réponse de noms d’oiseaux impossibles à transcrire ici sans porter un coup funeste à ma réputation de garçon bien élevé. Mais le professeur veillait :
-“Toi, là-bas, porte moi donc ce que tu es en train d’écrire”
A ces mots je tressaille, comme piqué par un aspic, ne trouve d’autre subterfuge que de plonger sous le pupitre pour fourrer dans ma bouche le billet compromettant et marcher au supplice les joues en feu, prêt au pire, bredouillant des explications d’autant moins crédibles que les mouvements précipités de ma pomme d’Adam montraient assez que je m’efforçais d’avaler au plus vite la maudite boulette. A ma grande surprise la scène s’était terminée par un éclat de rire général et j’en avais été quitte pour regagner ma place tout piteux, partagé entre l’humiliation et le soulagement. Merci monsieur Poggi !
Nous aurions mieux fait de repasser nos leçons d’Histoire. Depuis que Napoléon, vaincu par sa conquête, était revenu à pas lents des steppes glacées de l’hiver russe au bras de Victor Hugo, laissant derrière lui brûler Moscou fumant en plein deuxième trimestre, son abdication présageait le retour de l’île d’Elbe et du devoir de contrôle.
Quatre cancres patentés avaient entrepris illico de se partager l’Empire en rubans de papier couverts d’une écriture en pattes de mouche et pliés en accordéon de manière à loger le Directoire, le Consulat, le sacre, la gloire et le déclin de l’Aigle par ordre décroissant entre les boutons de leur braguette, à l’abri de toute investigation bienséante. On n’insistera jamais assez sur le tort considérable qu’a causé depuis, aux collégiens paresseux, la généralisation de la fermeture à glissière.
Il était convenu que, sitôt le sujet dévoilé, celui des lascars qui couvait l’anti-sèche idoine se hâterait d’en faire usage et de la faire passer à ses compères, à charge pour eux d’escamoter les autres. Pas vu, pas pris. Pour leur malheur, le professeur poussa le mauvais goût jusqu’à lorgner de leur côté avec tant d’insistance, au jour de la composition, que le Congrès de Vienne se délita prématurément, sans profit pour personne, dans le gosier fébrile du plus jeune des conspirateurs, lâché par ses nerfs. Quatre copies blanches, une explication orageuse en récréation, quelques horions et la fin d’une amitié de longue date, nos manuels n’avaient pas menti : Waterloo s’achevait sur un authentique désastre."

[1] La statue du g�n�ral Lamorici�re se trouve maintenant sur la place de l'�glise de Saint-Philbert de Grand Lieu (Loire-Atlantique) � une vingtaine de kilom�tres au sud de Nantes.

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  • Jeux et divers.

" Je suis s�r que comme moi vous penserez aux magnifiques 25 d�cembre que nous avons v�cu � Constantine…et que certains souvenirs vous reviendront.
En ce qui me concerne j'ai une image en t�te : les dattes fourr�es que pr�parait ma grand-m�re…et les messes de minuit au Sacr�-Cœur …ou peut �tre � la Doctrine Chr�tienne au Coudiat... "

" La gourmande que je suis va vous avouer qu'un autre endroit reste dans mes souvenirs, moins pr�cis cependant, le dimanche nous achetions les "millefeuilles" dans une boutique qui devait �tre tout pr�s du Sacr� Cœur , au d�but d'une rue qui partait de la place o� il y avait un march� je crois , j'�tais fascin�e par les monticules d'alva aux diff�rentes couleurs o� on y d�coupait des morceaux, c'�tait (aussi) un de mes d�lices (et �a l'est toujours).
Je n'ai, de m�me, pas encore trouv� une recette de makroud, donc je les ach�te bien s�r et je ne manque pas de revenir avec du pain " � la semoule " qui a un go�t si particulier cher � mon enfance. "

" Je m'adresse surtout aux gar�ons, Vous souvenez-vous les parties de billes et d'agates (encore un mot de chez nous �a..) (avec tout le c�r�monial des mots...) les parties de noyaux d'abricots dans la cour de Victor Hugo au printemps…(les tas, le carr� loterie…etc. Le sou.. �a vous dit quelque chose ...cette poche de chiffon remplie de sable (pas n'importe lequel) avec laquelle on r�vait tous qu'on �tait Just Fontaine (un pied noir). C'�taient nos ordinateurs, nos Playstations...et on �tait heureux… "

" Dans un message adress� surtout aux gar�ons , Guy demande si nous nous souvenons des noyaux d'abricots, des billes et du sou , j'avais pos� la question � Jean-Paul et ce dernier m'avait r�pondu texto : " tu vieuconnise ou quoi ? "

" Eh comment qu'on s'en rappelle !!! Pour les billes voici quelques expressions qui accompagnaient la partie : " bon pied " ( on mettait les pieds � angle droit environ un mettre apr�s la bille � atteindre ) " au vent tout c'qui m'arr�te " ( annulait la pr�c�dente ) " tu bourres ! " (on accusait par la l'adversaire d'avancer un peu trop sa main pour mieux atteindre sa cible ).
Quant aux noyaux, ma m�re en avait marre de recoudre les poches de mes pantalons qui se trouaient sans cesse � cause des noyaux, et elle m'avait confectionn� une bourse sp�ciale .
Avec le sous, certains d'entre nous �taient de vrais virtuoses , ils jonglaient sans fin avec l'int�rieur du pied , le genou , l'ext�rieur du pied, et on faisait m�me des matches avec un goal, deux arri�res et trois attaquants.
Voil� , ne nous en veuillez pas les filles d'�voquer ces souvenirs de gar�ons , mais je suis s�r que la plupart d'entre vous nous regardaient de leur fen�tre avec une certaine envie, mais Maman et Papa n'�taient pas d'accord !!! "

" Oui on vieuxconnise un peu ..mais c'est si bon de se repenser � tout �a… Super tes expressions...bon pied !,au vent, etc... Je ne m'en souvenais plus tu es vraiment notre m�moire… Bien sur que les filles nous regardaient (qu'en penses tu Claude).... on �tait si bons au sou. Je me souviens de ces parties au Coudiat...on �tait au CM2..l'annexe de VH...c'�tait un mus�e non, avec un petit square qui nous servait de cour de r�cr� (en face de la Doctrine Chr�tienne)...si je me souviens bien je devais jouer � ce jeu avec Albert et Bernard."

"A l'�poque, je gardais les noyaux pour les Martincourt donc je suivais un peu ce qui se passait La d�p�che d'Annecy n'est pas termin�e, je n'ai pas d'aventure de Nimbus non plus. J'habitais donc rue Pinget, au dessus de la bijouterie Lauzel, face au caf� Pouvreau, face � Youb, et on les voyait tous les soirs dormir sur leur balcon, de peur que leur magasin ne soit plastiqu�. Par contre, j'avais eu la peur de ma vie, le jour ou le Dr Manoni avait saut�, car j'�tais � la fen�tre la nuit, et mes parents s'�taient absent�s. Et le jardin Gambetta? vous en souvenez vous? pr�s de l'�cole o� j'ai pass� ma primaire?"

" Et la piscine Sidi M'Cid; Quand j'�tais gamin, je me baignais dans le petit bassin qui �tait aliment� par une petite cascade. "

" Quant � la piscine, je confirme qu'il y avait bien un petit bassin aliment� par une cascade d'eau chaude (c'est d'ailleurs dans ce bassin que mon p�re m'a appris � nager). Ce bassin alimentait ensuite un autre bassin qu'on appelait "la moyenne" pour le diff�rencier du magnifique bassin olympique o� nous passions, avec mes copains du quartier, tous les mercredis d�s son ouverture. Nous partions � pied en suivant le route de Philippeville et nous descendions le talus. La remont�e, en fin de journ�e, �tait difficile mais nous �tions heureux. Nous tentions alors toutes sortes de plongeons acrobatiques du 5m et certains d'entre nous en ont gard� des souvenirs cuisants !! "

" Moi aussi.... j'ai descendu , et c'�tait assez dangereux , � pied le sentier qui s'accrochait aux parois escarp�es des Gorges pour aller a la piscine , la petite , la moyenne et l'olympique. "

" Concernant la piscine, j'y allais par l'ascenseur qui descendait dans le rocher et nous �vitait un sacr� d�tour sous le soleil br�lant. Mais il a vite �t� supprim� , je crois pas mesure de s�curit�. "

" Mon terrain de jeu favori : le ravin. Nous enjambions souvent le parapet avec les copains pour acc�der � cet endroit magique, mais dangereux, en contrebas du boulevard; parfois avec nos carabines � plombs ou nos taouats pour tirer sur les charognards qui planaient � proximit�. Sous le bd Joly de Br�sillon, il y avait un passage surplombant le ravin, qui se prolongeait pratiquement apr�s la pr�fecture et que l'on appelait "les Pigeons". On y acc�dait par le jeu de boules "la tricolore". Or j'ai lu r�cemment qu'il y avait une grotte des Pigeons, mais sous le Bd de l'Ab�me, qui aurait servi d'abri au n�olithique. Troublant non ? "

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  • Les personnages et les croyances.

[…] " cette photo me rappelle ma d�funte m�re qui portait bien ce voile qu'on ne porte qu'� l'Est de l'Alg�rie.... jusqu'� S�tif � l 'ouest et jusqu'� Annaba � l'Est. C'�tait un art � chaque fois de le porter. Il n'�tait pas aussi simple tel le voile blanc port� � Alger et � l'Ouest du pays. Le voile noir qu'elle portait pour aller au march� �tait fait de toile, mais celui qu'elle portait pour d'autres occasions �tait tr�s l�ger et tr�s fin, je ne saurai dire si c'�tait de la soie.
Il fallait le porter devant un miroir. Il fallait que les deux pans soient bien sym�triques et bien rabattus sur les c�t�s, je ne cessais jamais de l'observer quand elle se pr�parait � le porter. Apr�s avoir rabattu le premier pan, elle le tenait sur le c�t� de la t�te par une �pingle souvent sertie d'une perle blanche, puis le second pan rabattu, c'�tait une seconde �pingle qui venait le fixer de tr�s pr�s afin qu'il ne tombe pas. Bien s�r les femmes constantinoises avaient la main, et une fois habitant d�j� Alger, je l'avais port� moi-m�me un jour de march�, tout le monde me prenait pour une S�tifienne, il est vrai qu'il est tr�s rare de voir des voiles noirs � Alger, de moins en moins d'ailleurs...
La premi�re fois que j'avais vu un voile blanc � Constantine j'en avais �t� �merveill�e.... un groupe de femmes de la r�gion d'Alger �taient venues en visite chez des voisins � nous, et elles portaient le voile blanc, cela m'avait fait le m�me effet que cela me faisait chaque fois que je voyais des communiantes... tous les ans � cette �poque, les communiantes se baladaient en ville, et c'�tait un plaisir de les voir au sortir de l'�glise, il y avait d'ailleurs - si je ne me trompe pas - une �glise non loin de la place du palais???? "

" Ce matin je suis parti � Constantine par un coup de t�l�portation, et, comme toujours une foule de souvenirs me reviennent. Si vous le permettez je vais vous en raconter un (lire avec l'accent pied-noir).
Vous rappelez-vous du marchand de beignets arabe de la rue Rohault de Fleury ? Un jour je lui ach�te un zlabia, tout en le mangeant je rencontre mon oncle Henri qui me dit : " ques tu manges, un beignet ? Eh ben ! tia pas peur d'attraper une maladie ? Non tonton pourquoi ? C'est facile, tu te caches derri�re un pilier des arcades et tu le regardes faire. Quand ya personne il est assis en tailleur, et tout d'un coup ya un pou qui lui pique � la t�te, alors y passe la main sous la ch�chia et vas -y qui se gratte, apr�s, la moquilla (c'est comme ca que mon oncle il appelait la morve ) elle lui coule, alors y s'mouche avec les doigts, y secoue la main et le reste y l'essuie avec son torchon, et c'est pas fini, mainant c'est dans le froc que ca le d�mange, alors il enfourne la main dans le pantalon r�servoir et y commence par les claouis, apr�s c'est le trou de balle, et vazy que je te gratte, et toi t'iarrive � ce moment et tu commandes !!! et avec la m�me main il attrape la p�te !! Moi je l'�coute et l'envie elle me passe, m�me plus je mords dans le zlabia, alors l'oncle Henri il part dans un grand �clat de rire, il me tire une petite calotte et dit : mais c'est pas vrai bourricot !!! et m�me, de toute fa�on la p�te y la jette dans l'huile bouillante, alors les microbes y sont tous ratatin�s !!! Pendant quelques temps j'ai plus mang� de beignets, j'ai m�me essay� de temps en temps de voir si c'�tait quand m�me vrai ce que tonton Riri m'avait d�crit, et puis le temps a pass� et la gourmandise a reprit le dessus. "

" Pour ton histoire des beignets, j'en ai une petite r�elle aussi, c'est l'arabe qui passait, le matin, qui tapait aux portes pour vendre les fromages frais avec le petit lait. Vous en souvenez vous, on se r�galait au dessert, jusqu'au jour ou Maman a regard� par son Judas (il porte bien son nom celui-la) et elle a vu notre arabe, qui l�chait la louche pour ne pas en perdre une goutte. On n'a m�me pas mang� ses fromages ce jour l�. Et quand j'en vois au Prisunic, je ne peux m'emp�cher d'y repenser. "

" Je devais avoir aux environs de 4 ans et je m'en souviens encore ! J'�tais all� faire les commissions avec ma grand-m�re chez les marchands ambulants du Boulevard Victor Hugo et je n'avais bien compris pourquoi, en passant devant chez Trougnou, le marchand de jouets bien connu de nous tous, ma grand-m�re avait refus� de m'acheter la toute derni�re Dinky-Toys ! La pauvre mamy a eu droit � la plus com�die et au plus beau des caprices que j'�tais le seul a pour voir accomplir avec autant de maestria ! Arriv�e presque chez elle, rue Famelard pr�s du stade Turpin, il y avait l�, une Gargu�che, vous vous en souvenez, c'�tait ces vieilles femmes arabes qui venait vous dire une pr�tendue "bonne aventure" en �change de quelques v�tements usag�s et quelques cro�tons de pain... Pour mettre ce qu'elles avaient r�colt� dans la journ�e, elles portaient sur le dos en permanence, un vieux sac en jute qui avait du servir jadis � transporter des patates. Pour tenter de calmer mes cris d�lirants, ma grand-m�re a eu l'id�e de e dire : " Tu vois Chacha (c'est comme �� que l'on m'appelait quand j'�tais m�me) si tu continues de pleurer, je vais le dire � la Gargu�che qui va t'emporter dans son sac qu'elle a sur le dos et o� elle met les enfants m�chants... Ouh l� !! L'effet fut saisissant, j'ai stopp� net mes braillements mais... mon esprit "Zorrotiste" ou "Robindesboitiste" comme vous voudrez, a repris le dessus. D�s que nous sommes arriv�s � destination, j'ai pris un balai et, sur la pointe des pieds, je suis all� rosser cette pauvre et innocente vieille pour aller d�livrer tous ces pauvres enfants enferm�s dans ce sac �triqu� ! Heureusement que ma grand-m�re a entendu les cris de la Gargu�che, elle est venue la d�livrer de mon inexorable esprit vengeur !... �videmment, elle s'est crue oblig�e de raconter cette histoire � mon p�re ... Qu'est ce que j'ai pris � midi quand il est rentr� !...

C'�tait � peu pr�s � la m�me �poque, peut �tre un peu plus tard ! Tous les matins rue Martin Bidour�e, il y avait un arabe qui passait le matin de bonne heure et qui vendait... je n'en savais trop rien, il a fallu que je me l�ve un jour, plus t�t que d'habitude pour comprendre enfin !... Il criait : " Ha li bassan chou, Ha li bassan chou, li ban Bariou Bari��������nne ! " �� a dur� des semaines et un jour, avec mon fr�re Maurice, nous nous sommes lev�s et avons enfin d�couvert que ce "vendeur � la cri�e" vendait des "Croissants chauds et des bonnes brioches Parisiennes"... Depuis ce jour, le matin, nous faisions avec mon fr�re, marcher son petit commerce ....

Ma troisi�me anecdote se passe dans les toutes premi�res ann�es 50, tous les jours, � l'heure de la sieste, il y avait un arabe qui passait dans la rue Martin Bidour�e et ailleurs, Fernand doit s'en souvenir et, le brave homme d�chirait alors le silence lourd de la siesta et criait : " Aaaaaaarinafon on on on on on on on on on de "..... que nous avons fini par traduire par : " Y a rien � vendre "...

Vous l'avez certainement tous vu avec sa petite charrette � bras, c'�tait un vieux bonhomme qui �tait devenu l'une des figures embl�matiques du quartier Saint Jean... "

Le Boussadia (photo publiée avec l'aimable autorisation de la revue ACEP Ensemble)" L'histoire sur La Gargu�che a raviv� chez moi celle du "bousad�a" (ce n'est probablement pas l'orthographe exacte). Est-ce que cela vous dit quelque chose ? C'�tait un personnage qui m'impressionnait beaucoup quand j'�tais gosse ; Il �tait accoutr� de peaux de b�tes et de breloques, frappait sur un tambour, g�n�ralement en criant, en montrant ses dents pour impressionner les badauds qui s'approchaient un peu trop pr�s de lui. Les arabes lui jetaient des pi�ces de monnaie. Mes parents disaient qu'il venait de la montagne et que lui jeter des pi�ces portait bonheur (!); Je me souviens qu'un jour o� je freinais des 4 fers devant un plat de courgettes, le tambour du Bousad�a s'est fait entendre au loin. J'�tais chez ma tante qui habitait Bd de Roumanie : tu vas les manger ces courgettes ou j'appelle le Bousad�a ? Quel souvenir ! Ne me parlez plus de courgettes d�sormais, mais enfin le bousad�a, j'aimerais bien en savoir plus ! "

"Celles qui venaient �changer de la vaisselle contre de vieux v�tements �taient des gitanes dans notre quartier. Elles �taient belles, je les revois encore... dans leurs belles jupes de toutes les couleurs, et leurs beaux cheveux quelques fois l�ch�s en m�ches folles, quelques fois tress�s...
Le Boussadia, il venait dans notre quartier, et il s'amusait � nous faire peur.... c'est marrant je l'ai retrouv� � Alger, mais l�-bas on l'appelle Baba Salem... Je pense qu'il devait venir de Bou Saada, ville au sud d'Alger....d'o� son nom ??? c'�tait tout simplement je crois une sorte de griots... qui allaient de ville en ville, dansant et chantant, ramassant de l'argent quand on voulait bien leur en donner.... ils venaient certainement du grand Sud Ouest."

La Nechra

�tant petite, j'entendais certaines dames parler de la Grotte du Corbeau - Ghorab (Me corriger si je dis une b�tise), un endroit o� certaines y allaient pour un certain rituel, avec danses etc..., un peu comme dans ce fameux film "Orphoe Negro", de la bouffe, etc... (encore une fois me corriger si je dis des b�tises), certaines y allaient pour en quelque sorte s'exorciser du diable qui les habitait, etc. Ma question � ceux qui pourront me r�pondre, est-ce que cela existe toujours et o� peut-on trouver les d�tails de tels rituels ?

- A ma connaissance cet endroit existe toujours, et effectivement les femmes allaient s'exorciser (taichou ennachra) ...mais non pas du diable mais des djennouns, et ils portent des noms belahmar (le rouge) ...belazrag (le bleu) ...je connais que cela ... Le sujet est abord� par Amin Malouf dans son roman L�on l'Africain ...mais il d�crit la ville de Grenade si mes souvenirs sont bons.
Je m'arr�te l� pour noter l'exportation de ces rituels de l'Andalousie vers le Maghreb et principalement Constantine.
�a c'est la version qui appara�t "publique".
Mais en fait ...le Ghorab est pour moi, jusqu'� il y a quelques ann�es, le secret le mieux gard� par les femmes et pour les femmes (il f�t un temps o� c'�tait compl�tement tabou). A l'universit� et discutant avec des coll�gues psychologues (femmes), elles m'ont donn� une toute autre version… totalement diff�rente de ce que l'on entend en ville ..hehehehehehe ...je le dirais pas. Concernant de la documentation, � l'universit� de Constantine ..il existe une th�se la dessus, je n'ai aucune r�f�rence � donner ..mais on peut trouver ...

- J'aimerais rajouter, quelques �claircissements concernant ce que vous appelez le rituel de "la grotte du Ghorab" qui est pr�cis�ment la pratique de la Nechra.
La visite du tombeau de " Sidi M'Hamed El-Ghrab " (un Wali enterr� � Salah Bey) n'est qu'une �tape du p�riple que les femmes doivent suivre pour accomplir ce rituel . Il comporte entre autres la visite de la grotte de " Freidja et Maymoune " ( une grotte situ�e sur la route qui relie Aouinet el Foul � Sidi M'Cid ). Ayant accompagn� une parente alors que j'�tais tr�s jeune, je ne conserve que des images embrouill�es de cette pratique, je revois les bougies allum�es dans la p�nombre de la grotte, le sacrifice des coqs, la danse du Tahoual, l'odeur forte de l'encens, etc... Ce rituel auquel s'adonnaient surtout les femmes de la g�n�ration de ma grand-m�re a pratiquement disparu vers la fin des ann�es 80. Comme on l'a signal�, il existe un document vid�o au Centre Audiovisuel de l'universit� de Constantine r�alis� dans le cadre d'une th�se de psychologie qui d�crit tous les d�tails de la Nechra .

- La Nechra faisait partie des croyances de certaines familles constantinoises au m�me titre que la Ziara du Taleb (La visite d'un saint) pour solliciter rem�des, conseils et b�n�diction . Elle f�t pratiqu�e par les femmes (surtout d'un certain �ge) dans le but de se pr�server du mal en s'exorcisant (en quelques sortes) pour s'assurer de la bienveillance des saints (Les Walis). Apr�s l'accomplissement de ce rituel, les femmes se retrouvaient dans un meilleur �tat psychologique. La Nechra comporte un parcours en plusieurs �tapes se r�sumant surtout aux visites des tombeaux des saints et de leur lieux de m�ditation. Chaque escale � son propre rituel. Cette pratique devint anachronique et pure superstition suite � l'�volution des croyances populaires. Elle s'estompa peu � peu avec la disparition progressive de ses adeptes. Concernant les lieux o� s'accomplissaient ces rituels, j'ai pu visiter en 1996 le tombeau de Sidi M'hamed El-Ghrab � Salah Bey . Il se trouve dans un mausol�e (bien entretenu) � l'int�rieur m�me de la source thermale du village et est toujours visitable.

- J'aimerais donner quelques d�tails concernant la l�gende de Sidi M'Hamed El-Ghrab ( le corbeau). J'ai lu derni�rement le livre que Achille Robert a �crit en 1900 et qu'il a intitul� ''L'Arabe tel qu'il est, �tudes Alg�riennes et Tunisiennes''. Malgr� le peu de sympathie qu'il manifeste � l'�gard des indig�nes de ces 2 pays (c'est vraiment le moins que l'on puisse dire), cet auteur a fait des descriptions tr�s proches de la r�alit�, de certaines coutumes et pratiques locales : mariages, circoncisions, Boussaadia, chasse au lion, le montreur de lion... Entre autre, il raconte la naissance de la l�gende de Sidi M'Hamed El-Ghrab, que personnellement je connaissais sous cette forme.
D�s que je le pourrai, je mettrai � votre disposition la version int�grale de l'histoire de Sidi M'Hamed El-Ghrab d'apr�s les �tudes de Achille Robert.
Lire ce texte de A. Robert

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  • Le d�part.

" Je me souviens le jour de mon d�part. D�chir�, dans le train qui partait de Constantine, pour Philippeville prendre l'avion.
J'avais 12 ans et je savais qu'on m'arrachait quelque chose, que je ne reviendrai jamais ici.
Il y a eu un arr�t entre les deux villes, je ne sais pas o�, je ne me souviens que des singes qui sautaient sur le train, et je pleurais.
..comme maintenant.
J'habitais pr�s de Bellevue "

" Il manquait peu de jours � la fin des cours � l'universit� et les r�sidentes de la cit� Nahas Nabil pr�paraient leurs valises, tout comme moi. C'�tait les jours torrides de juillet 1990. La chaleur intense s'emparait de la ville d�s les premi�res heures du jour et seulement au coucher du soleil un peu d'air se levait et accordait une tr�ve.
Le jour avant mon d�part, vers cinq heures de l'apr�s-midi je me trouvais dans un taxi et je parcourais la rue qui de la place de la Br�che montait vers la Poste pour continuer vers l'h�pital et le pont suspendu. Il y avait beaucoup de monde et de voitures qui roulaient dans tous les sens, du bruit et du mouvement comme tous les jours � Constantine.
Le chauffeur du taxi �tait un jeune homme qui devait avoir mon �ge. Il avait mit une cassette de musique ch�abi, le volume assez bas, une chanson douce et paisible.
Par les vitres ouvertes entrait une chaleur �puisante et l'odeur lourde de l'asphalte surchauff�. Si je ferme les yeux j'entends encore la musique, je vois encore le bleu du ciel, les zones d'ombre sous les arcades, la lumi�re que le soleil de fin d'apr�s-midi posait sur les murs des maisons, une lumi�re particuli�re que je n'ai retrouv� nulle part ailleurs.
J'entends les voix des gens et le bruit de la rue, des rumeurs un peu ouat�s comme s'ils venaient de loin. Je regardais tout ce qui d�filait devant mes yeux avidement, en silence, intens�ment, j'absorbais chaque coin de rue, chaque d�tail, chaque mouvement. Le lendemain � l'aube j'aurais quitt� Constantine et je savais qu'elle continuerait � vivre de la m�me fa�on, color�e, tant�t fr�n�tique, tant�t flemmarde, insouciante de mon absence. Je savais qu'elle me manquerait et qu'il ne passerait pas un seul jour sans que mes pens�es y retournent. "

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  • Le retour.

Hubert HANNOUN
Ancien professeur de philosophie
au Lyc�e ex-d'Aumale et aux
Ecoles normales de Constantine

QUELQUES ECHOS D'UN CHEZ NOUS VIVANT

            Je suis n� � Constantine qui a envelopp� mes trente premi�res ann�es de vie. J'en garde l'empreinte les couleurs et l'odeur. Les hasards de ma profession ont fait que, depuis 1962, j'ai eu l'occasion d'y retourner souvent pour  enseigner.

            Mon premier retour a �t� marqu� par une r�action �motive de ma part allant jusqu'aux larmes. Mais ces premiers moments pass�s j'ai demand� � mes yeux, mes oreilles et ma r�flexion de noter ce qui leur paraissait important. Et l'importance a pris le go�t du jamais vu. Autour de moi, bien s�r, une ville d�mesur�ment agrandie o� j'ai retrouv� pourtant les maisons que j'ai habit�es, les �coles de ma premi�re culture, les tunnels du boulevard de l'Ab�me qui abritaient nos amours naissantes … Tout cela �tait du souvenir non du jamais vu. Car j'ai vu aussi des regards. En 1961 les regards crois�s d'un "Europ�en" et d'un "Arabe" �taient toujours (ou presque) des recherches de l'arme avec laquelle l'autre allait agresser ! Soci�t� raciste � l'�tat pur !

            Actuellement, plus de la moiti� de la population alg�rienne a moins de trente ans. Ce qui signifie que la jeunesse alg�rienne n'a connu ni les temps de la colonisation ni ceux de la guerre d'ind�pendance, ces sources de la haine parfois atroce que nous avons connue alors. Les regards que je rencontre actuellement dans la rue, � l'universit�, au caf�, au restaurant sont des mains tendues et, le plus souvent souriantes.

            Des probl�mes subsistent bien s�r ! Quel pays n'en a pas. Mais l'Alg�rie est un pays o� l'on peut vivre – avec pourtant, pour le peuple, une �l�vation du niveau de vie -. La presse y est  plus libre que dans maints autre pays arabes. Il y a quelques mois j'ai publi� un article sign� de moi dans "Le Quotidien d'Oran".

            Mais, rassurez-vous, les odeurs viennent piquer le nez "� la sauce de chez nous", les couleurs flamboient comme un �clat de rire, le ciel semble vouloir prendre dans ses bras tous les hommes de la terre et les rochers du Rhumel regardent tout cela avec le m�me sourire qui le m�ne vers Sidi-M'cid .

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