100 ans d'école publique

• • •

Article paru dans la Dépêche de Constantine en juin 1951

Voir la coupure de presse

 

SAMEDI A CONSTANTINE
M. le PREFET PAPON
a inauguré l’exposition
« Cent d’école publique française »

Au moment où Constantine fêtait le centenaire de l’école Jules Ferry, première école française ouverte au chef-lieu de notre département, la Fédération départementale des œuvres laïques a voulu donner au public une idée exacte des résultats obtenus en Algérie, et plus particulièrement dans le Constantinois, après un siècle d’école publique française; C’est dans ce but qu’elle a organisé, dans les locaux du nouveau lycée de jeunes filles, au Coudiat, une exposition qui est une synthèse de l'œuvre admirable accomplie depuis cent ans par la France dans le domaine de l’enseignement en Algérie.
Cette réalisation est, à elle seule, un éloquent témoignage, le témoignage que l’université française, fidèle à sa mission, a su élever ce pays en mettant à la disposition de ses enfants les richesses de sa culture.
Cette exposition du plus haut intérêt est le fruit d’une étroite collaboration entre la Fédération, que préside avec dévouement, M. Desfeux, directeur du Collège technique de Constantine, et les établissements scolaires de tous les degrés d’enseignement du chef-lieu et du département.
Et c’est notamment à M. Dégremont, inspecteur primaire adjoint à l’Inspecteur d’Académie, vice-président de la Fédération des œuvres laïques, animateur de la « Quinzaine de l'École publique », et à M. Dupré, secrétaire général de la Ligue de l’Enseignement, que revient le mérite d’avoir réuni et parfaitement ordonné l’ensemble impressionnant par sa variété, des travaux de toutes sortes effectués par les élèves sous la direction de leurs maîtres. La large participation de l’enfant et de son éducateur à cette manifestation confère à celle-ci toute sa valeur.

Le hall d’entrée
Dans le hall d’entrée de l’exposition, décoré de tapis obligeamment prêtés par le Service de l’Artisanat, sont installés des tableaux qui présentent un résumé statistique de la situation scolaire en Algérie et font le point de l’avancement du plan de scolarisation dans ce pays. On y trouve également les maquettes fidèles d’écoles édifiées dans le bled algérien.

Les écoles maternelles
« Nous semons. D’autres récolteront ». C’est la devise de l’école maternelle, dont le premier pavillon groupe les trois sections (bambins de trois à quatre ans; moyens de quatre à cinq ans; grands de cinq à six ans). Il y a le coin du jeu et du repos avec son divan, ses poupées, son aquarium, ses tapis et ses nattes. Le jeu tient, en effet, une place prépondérante à ce stade de l’enseignement, car il constitue un moyen d’éducation pour le langage et la connaissance du monde extérieur.
Le travail y a évidemment aussi sa part: dessins graphiques, dessins dirigés ou libres, écriture au pinceau, ouvrages manuels (tissage, modelage, couture, etc...) et, chez les grands notamment, initiation à la lecture globale et à la peinture.
Dans leur naïveté primitive, les petits traduisent ce qu’ils voient avec une charmante simplicité qui n’exclut pas l’application.

Enseignement primaire
Réservés à l’enseignement primaire, les deux pavillons suivants groupent des travaux individuels et des travaux de classe qui marquent les progrès accomplis par les élèves depuis la classe d’initiation aux classes de fin d’études. Ce genre d’éducation pratique permet aux enfants de s’adapter avec plus de facilité aux connaissances qui leur seront indispensables plus tard.
On notera en particulier, parmi toutes ces réalisations, une maquette très réussie de l’Orphelinat musulman de Sidi-Mabrouk, et toute une série de maisonnettes qui retracent l’histoire de l’habitation à travers les âges.

Enseignement secondaire et Écoles normales
Dans le local attribué à l’enseignement secondaire, on a voulu montrer, en ce qui concerne spécialement les Écoles normales, que l’instituteur devait être à la fois un pédagogue, un psychologue, un sportif, un « bricoleur », un agriculteur, un homme complet en un mot.
On trouve des mémoires d’un éclectisme intelligent : la « Dépêche de Constantine », les ateliers de Sidi-Mabrouk, le profil psychologique de l’enfant, la fabrication des pipes, l’étude de l’émotion chez l’enfant, etc...: des appareils de conception très simple que l’instituteur du bled peut confectionner facilement et à l’aide desquels il mesure l’acuité auditive et visuelle de l’élève, sa fatigue, son intelligence pratique ; du matériel de bureau fabriqué par les normaliens eux-mêmes, des gravures, quelques spécimens de ce qu’ils sont capables de faire en matière d’agriculture, en fin les brillants trophées des victoires remportées par les Écoles normales dans les compétitions sportives auxquelles elles ont été appelées à participer.
En exposant de remarquables dessins exécutés par leurs élèves, les lycées et collèges veulent prouver, de leur côté, que dans cette catégorie d’établissements, on ne fait pas seulement du « bachotage » mais que l’adolescent peut apprendre à y exprimer sa personnalité par l’exercice de l’art.
Les jeunes filles complètent cette riche collection par des ouvrages de couture auxquels s’ajoutent ceux des cours complémentaires de Bougie, Souk-Ahras et Tébessa.

Les activités péri-scolaires
Un autre pavillon matérialise parfaitement les activités péri-scolaires : cantines, colonies de vacances, cinéma éducateur, modèles réduits; peintures et maquettes exécutées par des instituteurs et institutrices du département.
Des panneaux indiquent, par ailleurs, les résultats obtenus par les cours d’adulte pour illettrés. Les Éclaireurs de France, qui font partie de la Ligue de l’Enseignement, rappellent, par un ensemble judicieux de gravures et de photos, le derby des moins de quinze ans. Le camp des Aftis y a aussi sa place.

L’orientation- professionnelle
L’enseignement technique a la part qui lui revient de droit dans cette exposition. Le premier des locaux qui lui sont attribués est réservé à l’orientation professionnelle.
On y découvre le matériel psychotechnique le plus récent qui permet de déceler les aptitudes des enfants à la sortie de l’école primaire. D’abord les appareils fonctionnant à l’électricité : «tourneur» pour la précision et la dissociation des mouvements des mains ; « gièse », test d’attention à réactions manuelles ; « Chronoscope d’Arsonval », mesurant les temps de réaction. Puis, les tests manuels qui mesurent la dextérité manuelle, la précision motrice, l’intelligence pratique, la visualisation, l’intelligence abstraite, la mémoire visuelle, complète et abstraite des enfants.
Un coin de la salle est réservé à la documentation scolaire et professionnelle.

Cours complémentaires d’enseignement professionnel féminin
Le stand des cours complémentaires d’enseignement professionnel féminin comprend les ouvrages de broderie; de couture, de tissage de Djebala, Bône, Guelma, Souk-Ahras, Sidi-Mabrouk, de l’école Paul Bert à Constantine.

L’enseignement technique
Enfin, l’enseignement technique proprement dit, compte trois pavillons. Le premier réunit les travaux des sections menuiserie, ajustage et forge des cours complémentaires d’enseignement professionnel de Constantine et Sidi-Mabrouk, Bône, Souk-Ahras, Batna, Aïn-Beïda, Khenchela, Guenzet, Biskra, Touggourt, Philippeville, Tébessa, Guelma.
Le second pavillon groupe un ensemble de réalisations effectuées par les collèges techniques de Constantine et Bône. La présentation de Bône est particulièrement à noter. Elle constitue une récapitulation des activités de son collège technique depuis ses origines, souligne les projets et met en relief les possibilités d’extension de cet établissement,
D’autres productions du Collège technique de Constantine sont disposées dans un troisième local où une série de, panneaux concrétise la pédagogie de l’enseignement technique à ses différents stades. A côté de cet enseignement, celui du dessin industriel représente une part importante dans la formation des élèves. Il est matérialisé par toute une gamme d’études d’une remarquable précision.
Enfin, tout au long du corridor d’accès aux salles d’exposition, des tableaux alertent les familles sur les dangers de la mauvaise presse enfantine.

L’inauguration
Cette magnifique exposition a ouvert ses portes samedi à 18 heures et M. le préfet Papon en a officiellement présidé l’inauguration.
Accompagné de Mme et M. Eugène Valle, maire, délégué à l’Assemblée algérienne ; de M. Bakouche, délégué à l’Assemblée algérienne ; de Mme et M. Troussel, premier adjoint ; de MM. Berthier, adjoint délégué à l’enseignement et aux Beaux-Arts et Somveille, directeur de Cabinet, le chef du département a été salué, à son arrivée par M. Courtoux, Inspecteur d’Académie qu’entouraient MM. Desfeux, président de la Fédération départementale des œuvres laïques Dégremont, inspecteur primaire adjoint à l’inspecteur d’Académie, vice-président de la Fédération Caussignac, inspecteur primaire.
Etaient également présents Mme Courtoux ; Mme Pavel, directrice de l'École normale de jeunes filles ; Mlle Carreau, directrice du lycée Laveran; M. Gros, directeur de l'École normale de garçons ; Mme et M. Cambordes, principal du Collège moderne de garçons M. Meziane, proviseur de la Médersa de Constantine les directeurs et directrices des établissements scolaires du premier degré, ainsi que de, nombreux membres de l’enseignement public de la ville et du département.
Après que la chorale de l’école Ferdinand Buisson, dirigée par Mlle Gayraud, eut exécuté un chant, les personnalités officielles parcoururent les différents stands de l’exposition.
Dans l’escalier menant aux pavillons de présentation des ouvrages, les fillettes de l’école Ampère, en tunique blanche, formaient la haie. Dans les stands, les autorités furent accueillies et conduites par les organisateurs responsables : Mlle Enjalbal, inspectrice des écoles maternelles, MM. Labrouche, pour l’enseignement primaire ; Rioux, docteur ès-lettres, directeur de psychopédagogie aux Écoles normales, pour l’enseignement du second degré; Dupré, secrétaire général de la Ligue de l’enseignement, pour les œuvres péri-scolaires ; Guénon, pour l’orientation professionnelle ; Mlle Quéré, directrice de l’école Paul Bert, pour les cours complémentaires d’enseignement professionnel féminin M. Desfeux, directeur du Collège technique de Constantine, pour l’enseignement technique.
Le Préfet, le Maire et les personnalités qui les accompagnaient, complimentèrent vivement MM. Courtoux, Dégremont et chacun des organisateurs des stands.
Ils demandèrent à l’inspecteur d’Académie et à ses collaborateurs immédiats de féliciter le personnel qui a participé aux travaux de cette exposition et exprimèrent l’intérêt que celle-ci présentait, non seulement pour les résultats acquis par les établissements d’enseignement du département, mais aussi pour l'œuvre accomplie par la France en Algérie dans le domaine de l’éducation.

F. CHOLLIER.

  Fermer