7 mai 2014

Réhabilitation de la vieille médina de Constantine: un premier bilan "encourageant"

Adossés au mur de la zaouïa Tidjania de Constantine, des vendeurs à la sauvette, impatients de voir leur Souika réhabilitée, s'habituent peu à peu aux nombreux ouvriers sillonnant l'antique Cirta qui connaît une dynamique de restauration depuis quelques semaines.

"Faites qu'elles deviennent les plus belles zaouïas du monde, et vous pourrez compter sur nous", lancent des commerçants en guise d'encouragement aux jeunes architectes en charge de la réfection de quelques mosquées et zaouïas du périmètre sauvegardé.

Entre les petites échoppes de la médina dont les marchandises débordent souvent sur les ruelles pavées et les équipes de l'Office de gestion et d'exploitation des biens culturels (Ogebc), la cité, sérieusement dégradée, connaît une grande effervescence et les habitants se disent "confiants" en ce plan dont la concrétisation leur semble en bonne voie, après des décennies d'attente.

Une semaine à peine après le début des travaux de déblayage, la zaouïa, de Sidi M'hammed Loghrab (basse Souika), en grande partie effondrée, a été "complètement nettoyée", après que l'on eut pris soin de trier les gravats pour récupérer les matériaux réutilisables, comme l'atteste l'architecte en charge de ce site.

L'étude pour la reconstruction à l'identique de ce mausolée "est déjà en cours" et le site, où se côtoient ouvriers et pèlerins, est désormais "hors de danger", assure-t-il. A peine vidé de ses occupants en mars dernier, le palais Dar Daïkha, demeure de la fille d'Ahmed Bey, dernier Bey de Constantine de 1826 à 1837, a bénéficié de travaux d'urgence sécurisant, un mois plus tard, la partie aérienne de ce palais.

Très détériorée, cette demeure qui n'a pas encore livré tous ses secrets, tient à peine debout après l'effondrement d'une maison mitoyenne emportant une de ses façades.  Ses boiseries et ses ornements stylisés, mais très endommagés, témoignent du faste d'antan de cette demeure de notable qui nécessite une "restauration effective et rapide", affirme l'entrepreneur en charge des travaux.

Plusieurs autres lieux de mémoire dont les quartiers de Souk El Acer, El Shara', Derb Bencheikh Lefgoune, la mosquée du Bey ou la Medersa du Cheikh Abdelhamid Ben Badis ont été retenus pour ce premier programme qui n'inclut pas encore les maisons de particuliers. Ce premier programme est considéré comme une "entrée en matière" qui devrait "accélérer l'application effective du Plan de sauvegarde", adopté par l'Assemblée populaire de wilaya de Constantine à la fin de l'année 2012 et dont l'application reste "tributaire" de la publication d'un arrêté interministériel, selon les précisions du directeur de l'Ogebc.

Inquiétudes des universitaires
Selon des architectes de l'Ogebc, l'application du plan de sauvegarde de la vieille ville de Constantine -inspiré de celui de la Casbah d'Alger- s'avère comparativement moins problématique: contrairement à Alger, "la majorité des habitants de la médina de Constantine (sont) déjà inscrits dans les programmes de relogement" de la wilaya, affirment-ils.

En revanche, la sécurisation du site, sa proximité des commerces et marchés, et le manque de plans et d'archives constituent les difficultés majeures à l'application du programme. Par ailleurs, la communauté universitaire de Constantine déplore, de n'avoir pas été consultée "préalablement" à l'élaboration du plan, même si une première séance de travail l'avait réunie avec des cadres du ministère de la Culture. Les conditions de leur collaboration avec les instances concernées par la restauration du patrimoine, jugent des universitaires, demeurent "inadéquates"

Majoritairement architectes, historiens, archéologues, des membres de cette communauté s'inquiètent surtout du sort réservé aux vestiges archéologiques puniques et romains, enfouis sous la ville actuelle, après la restauration de ses édifices culturels.   Elaboré en prévision de la manifestation "Constantine capitale de la culture arabe" prévue en 2015", le plan de sauvegarde de la vieille ville de Constantine a, aussi, établi par voie réglementaire l'affectation des ces édifices, appelés à abriter des musées et autres centres des arts et  métiers.

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