22 février 2005


SOUIKA
Une centaine de familles expulsées et des protestations

La décision d’expulsion d’une centaine de familles du vieux quartier de «Souika», avant-hier lundi, par les autorités de la wilaya de Constantine, n’a pas manqué de provoquer la réaction de la part des concernés.
Ainsi, le soir même de cette opération, encadrés par les services de sécurité et en présence des autorités locales, vers 21 heures, les habitants ont observé un sit-in devant le cabinet du wali, pour protester contre cette décision, qu’ils qualifient d’«injuste».
Dispersés, une heure plus tard par la police, les manifestants ont repris leur protestation, hier matin, en se regroupant à proximité du pont de Sidi Rached, pont qui se situe juste à proximité des bâtiments qu’ils occupaient. Ce regroupement qui a fortement perturbé la circulation automobile, a nécessité l’intervention en force de la police. Des officiers de police se sont aussitôt mis à négocier avec des groupes de protestataires, afin de leur faire évacuer les lieux. Le chef de daïra et des responsables de la wilaya se sont rendus, également, sur les lieux. Selon des informations que nous ont communiquées des élus de l’APC de Constantine, «cette évacuation est justifiée». Selon leurs dires, les bâtiments en question ont déjà fait l’objet d’une décision de démolition, sur la base d’une expertise de spécialistes en la matière, tant leur vétusté est devenue dangereuse pour les occupants.
«Ces bâtisses, ont été évacuées de leurs occupants originaux, qui ont tous été relogés dans des appartements neufs à la nouvelle ville Ali Mendjeli», nous dit-on. Nos interlocuteurs insistent «sur l’urgence avérée de ces évacuations, les maisons pouvant s’écrouler à tout instant. Et d’ajouter que les dernières intempéries ont aggravé le problème». Du côté des habitants, bon nombre d’entre eux affirment n’avoir jamais quitté ces domiciles qu’ils occupent depuis des décennies, contrairement à ce qui est avancé par les autorités qui parlent elles, d’indus occupants. «Les sinistrés de cet endroit ont tous été relogés suivant le programme en application depuis le deuxième semestre de 2004».
De nombreux habitants du quartier que nous avons rencontrés, tous concernés par ce programme de démolition, particulièrement le bas de Souika et particulièrement la rue Bekhouche Abdesselem, réunis par petits groupes, donnent leur version. «Oui effectivement, il y a des indus occupants. Il y a également de nombreux bénéficiaires d’arrêtés d’attribution qui n’ont pas évacué les lieux pour des raisons que nous ignorons. Mais il y a également des familles qui n’ont pas bénéficié d’un relogement comme le cas de ces gens ici présents avec nous. Nous ne nous expliquons pas les motifs des retards.
On a accordé par exemple quatre arrêtés de relogement aux occupants de cette bâtisse alors qu’elle compte cinq familles. Nous demandons à ce qu’une commission d’enquête soit diligentée pour faire ressortir la vérité et déterminer qui a tort et qui a raison. En plus, parmi les expulsés il y a d’authentiques propriétaires qui ont sollicité des aides pour réhabiliter ces maisons qui sont un patrimoine, mais ils sont expulsés. Par contre nous ignorons les raisons qui ont incité d’autres personnes à protester».

Abdelkrim C.

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