17 avril 2016

Vieille médina de Constantine
La moitié du tissu urbain menace ruine

Beaucoup de choses ont été dites sur la vieille ville et des dizaines d'études ont été publiées sur la manière d'entreprendre sa réhabilitation.

Mais de l'avis de nombreux observateurs avertis, et parmi eux des responsables de la direction de la culture, rien ou presque n'est sorti de ces esquisses de projets.

Pendant que des quartiers entiers à Souika s'effondrent, maison après l'autre, et que les ruines s'amoncellent, l'on continue à cogiter sur des modèles qui ne paraissent réalisables que sur le papier. Les tonnes de documents qui s'accumulent depuis plus de vingt ans n'ont pas permis d'avancer d'un pas sur la voie d'une réhabilitation qui se cherche encore. Il y a bien quelques esquisses qui ont été tentées dans une ou deux directions, comme ce fut le cas pour des travaux de VRD lancés il y a quelques années à hauteur de la Zaouia Tidjania (Souika), sous le contrôle d'une commission technique ou bien plus récemment un plan de réhabilitation de la vieille ville, ciblant notamment certains quartiers, à l'exemple de Rahbet Ledjmel ou des lieux de culte dans le cadre de la manifestation Constantine, capitale de la culture arabe, mais force est de reconnaître que l'on a assisté dans ces cas-là à un enlisement. Les différents rapports établis par les bureaux d'étude désignés au cours de toutes ces années, recommandaient de prendre des mesures urgentes afin de limiter le phénomène dit de dominos constaté dans la partie basse de la Souika, où dès qu'une maison s'effondre, des dizaines d'autres bâtisses, appuyées à la première, qui sont ébranlées, ne tardent pas à menacer ruine. Les chiffres révélés d'autre part par les techniciens dans ces rapports, sont effarants : 575 maisons sur le 1165 que compte la médina, se trouvent dans un état précaire.

Ce qui représente 49% du tissu urbain alors que 136 habitations menacent ruine et risquent de rejoindre le chiffre de 332 maisons perdues à jamais. Le feuilleton des effondrements n'a d'ailleurs jamais connu son épilogue à la Souika depuis février 2005, lorsque le chef de daïra de l'époque, avec la bénédiction de l'ex-wali, avait ordonné une campagne de démolition d'une partie de la vieille ville. Les effondrements sont demeurés, depuis, la hantise des habitants, car à la moindre averse des familles entières se retrouvent sur la liste des sans-abri. Les autorités locales sont, par ailleurs, restées insensibles aux doléances des citoyens habitant la partie basse de la Souika. Elles n'ont toujours pas procédé à leur évacuation malgré les promesses quant à l'imminence d'une telle opération, surtout que plusieurs bâtisses de cette partie de la vieille ville risquent de provoquer une véritable catastrophe si par malheur leurs murs, dangereusement inclinés, s'effondraient sur les
passants. 

F. Raoui

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